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Maroc : La normalisation avec Israël face à une opposition croissante

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La mobilisation contre le rapprochement Maroc-Israël s'intensifie, avec une baisse du soutien populaire et des manifestations étudiantes. Le gouvernement maintient sa position malgré les critiques.

Au Maroc, la contestation contre la normalisation des relations avec Israël prend de l'ampleur. Le 7 octobre 2024, une mobilisation étudiante sans précédent a eu lieu dans une quarantaine d'universités et d'écoles supérieures du pays, marquant une nouvelle étape dans l'opposition à cette politique.

Cette manifestation fait suite à une marche unitaire qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Rabat le jour précédent. Ces événements surviennent dans un contexte de tension croissante, un an après l'attaque du Hamas en Israël et l'offensive israélienne à Gaza qui s'en est suivie.

Le soutien populaire à la normalisation avec Israël, initiée par le roi Mohammed VI en décembre 2020, s'est considérablement érodé. Selon un sondage réalisé par Arab Barometer entre décembre 2023 et janvier 2024, seuls 13% des Marocains interrogés y étaient favorables, contre 41% en 2021.

La contestation s'est élargie au-delà des cercles traditionnels. Des personnalités publiques, comme le footballeur Hakim Ziyech, ont exprimé leur désapprobation. Le 21 septembre 2024, Ziyech a critiqué le gouvernement marocain sur Instagram pour son soutien présumé aux actions israéliennes à Gaza.

Malgré ces critiques, le gouvernement marocain maintient sa position. Le Premier ministre Aziz Akhannouch a réaffirmé le soutien du Maroc à la cause palestinienne lors de l'Assemblée générale des Nations unies le 24 septembre 2024. Cependant, les analystes considèrent ces déclarations comme des exigences de pure forme.

La coopération stratégique entre le Maroc et Israël se poursuit. En juin 2024, le navire militaire israélien Komemiyut a fait escale au port de Tanger, illustrant la continuité des relations malgré les tensions. Le Maroc est devenu un client important de l'industrie de défense israélienne, Israël étant son troisième fournisseur d'armements en 2023.

Le gouvernement marocain tente de justifier sa position en soulignant les avantages de cette relation pour les Palestiniens. En mars 2024, une cargaison d'aide humanitaire marocaine est entrée à Gaza via un poste-frontière israélien, ce que Rabat a présenté comme un résultat positif de ses liens avec Israël.

Il est important de noter que le Maroc a une longue histoire de relations complexes avec Israël et la cause palestinienne. Le pays a établi des relations diplomatiques avec Israël dès 1994 et possède la plus grande communauté juive du monde arabe. Le roi Mohammed VI préside également le Comité Al-Qods pour Jérusalem, soulignant l'engagement du Maroc envers la question palestinienne.

La normalisation des relations avec Israël s'inscrit dans un contexte plus large de politique étrangère marocaine. Le Maroc cherche à renforcer sa position régionale et internationale, notamment sur la question du Sahara occidental. Le pays a rejoint l'Union africaine en 2017 et a une longue histoire de relations avec les États-Unis, ayant été le premier pays à reconnaître leur indépendance en 1777.

"L'intérêt que nous attachons aux affaires internes de notre pays ne saurait nous détourner de la tragédie du peuple palestinien"

Déclaration du Premier ministre marocain Aziz Akhannouch à l'ONU

Malgré les tensions actuelles, le Maroc continue de jouer un rôle important sur la scène internationale. Le pays a accueilli la Coupe du Monde de la FIFA en 2030 et est un leader régional en matière d'énergie renouvelable. Ces développements, ainsi que la forte diaspora marocaine à l'étranger, contribuent à façonner la politique étrangère du royaume dans un contexte géopolitique complexe.