Le 29 septembre 2024, l'Autriche a connu un séisme politique lors de ses élections législatives. Le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), formation d'extrême droite, a remporté une victoire historique avec 28,8% des suffrages. Ce résultat, le plus élevé pour un parti d'extrême droite depuis 1945, marque un tournant dans l'histoire politique du pays alpin.
Herbert Kickl, le chef du FPÖ, a célébré ce succès comme "un morceau d'histoire". Cependant, cette victoire est teintée d'amertume, car les autres partis refusent catégoriquement de former une coalition avec le FPÖ au Conseil national, la chambre basse du Parlement autrichien.
Ce triomphe électoral reflète une radicalisation croissante de l'électorat autrichien, alimentée par plusieurs facteurs :
- Une inflation record
- Une immigration élevée
- Un scepticisme grandissant concernant l'évolution de la guerre en Ukraine
Depuis sa prise de fonction à la tête du parti en 2021, Kickl a adopté un discours controversé, mêlant théories du complot, positions antivaccins et climatoscepticisme. Le FPÖ a également capitalisé sur son opposition aux mesures sanitaires durant la pandémie de Covid-19, étant le seul parti à s'opposer au confinement et à l'obligation vaccinale.
Le programme du FPÖ prône des mesures radicales, telles que la "rémigration" des étrangers et des naturalisés "lorsqu'ils s'attaquent à nos valeurs", ainsi que l'arrêt total des demandes d'asile. Ces positions extrêmes n'ont pas empêché le parti de réaliser une percée électorale significative.
Face à cette montée de l'extrême droite, les conservateurs du Parti populaire d'Autriche (ÖVP) ont subi une défaite cuisante. Le chancelier sortant, Karl Nehammer, n'a obtenu que 26,3% des voix, soit un recul de plus de 11 points par rapport au scrutin de 2019. Nehammer a qualifié ce résultat d'"amer", tout en réaffirmant son refus de s'allier avec le FPÖ, qu'il considère comme "perdu dans les théories du complot".
Cette situation politique complexe met en lumière les défis auxquels l'Autriche est confrontée. Pays de 9 millions d'habitants, membre de l'Union européenne depuis 1995, l'Autriche est réputée pour sa qualité de vie élevée et son engagement en faveur des énergies renouvelables. Cependant, le pays doit maintenant naviguer entre ses traditions de neutralité politique et les pressions croissantes liées à l'immigration et à l'économie.
"Je leur donne deux ou trois jours pour réfléchir. Espérons qu'ils reviennent à la raison. Ce serait aussi dans leur propre intérêt."
L'avenir politique de l'Autriche reste incertain, alors que les partis traditionnels cherchent à former un gouvernement stable sans le FPÖ. Cette situation rappelle les défis similaires rencontrés par d'autres pays européens face à la montée de l'extrême droite, mettant à l'épreuve la résilience des institutions démocratiques autrichiennes.