Dans les quartiers nord de Khartoum des volutes de fumée sʼélèvent au-dessus des immeubles: cest le nouveau quotidien de Kamaleddine Al-Nour qui observe le spectacle depuis un toit endommagé. Ce jeune-homme autrefois militant pro-démocratie porte aujourdʼhui lʼuniforme des Forces armées du Soudan (FAS)
Il y a quelques années ce même combattant menait des manifestations contre le régime militaire: il organisait des sit-ins brulait des pneus et affrontait les forces de lʼordre. Le coup dʼétat dʼoctobre 2021 – mené par les généraux Al-Bourhane et Hemetti – avait déclenché un mouvement de contestation massive
Les ghadiboon (les “en-colère“) constituaient lʼavant-garde des protestations:
- Ils portaient des masques
- Ils utilisaient des boucliers artisanaux
- Ils se protégeaient avec des casques de chantier
- Ils résistaient aux tirs des forces de sécurité
Depuis le début du conflit au printemps 2023 ces anciens révolutionnaires ont fait un choix inattendu – rejoindre lʼarmée régulière quʼils combattaient hier. Al-Nour explique: “On fait face à une guerre qui menace lʼexistence même du Soudan; les FSR risquent de détruire notre société“
Notre combat continue: que ce soit dans la rue ou sur le champ de bataille on verse notre sang pour le pays; cette guerre est le prolongement de notre révolution
Dans les camps dʼentrainement de lʼarmée ces nouveaux-soldats sʼadaptent à leur rôle: cheveux-courts treillis militaire et fusil-mitrailleur en main – une transformation radicale pour ces anciens militants qui voient dans ce changement la continuation de leur lutte pour lʼavenir du pays