Lʼaprès-guerre représentait une époque où lʼimmigration portait lʼespoir dune France nouvelle. Quand Le Monde commence sa publication en fin-44 le pays voit dans les nouveaux-arrivants une chance de reconstruction économique et démographique
Le premier article important sur ce sujet publié par Jacques Fauvet (qui deviendra plus tard directeur du journal) montre bien lʼétat desprit de lʼépoque: la France cherchait à accueillir environ 2-millions détrangers sur une période de dix ans. Cette vision reflétait un besoin urgent de main-doeuvre pour reconstruire le pays
La perception des immigrés a beaucoup changé au fil des décennies; leur origine aussi. Les premiers-arrivants venaient principalement:
- dʼItalie et de Pologne
- du Portugal et dʼAfrique du Nord
- plus tard des pays dʼAsie
Le vocabulaire utilisé pour décrire ces populations sʼest transformé avec le temps - on parlait de “travailleurs immigrés“ dans les 70s; “immigrés“ dans les années 80-90; et maintenant on utilise souvent le terme “migrants“
La question coloniale joue un rôle particulier dans cette histoire. Le Monde ne considérait pas les Algériens comme des immigrés après lʼétablissement de la libre-circulation en 47: ils étaient vus comme des citoyens se déplaçant à lʼintérieur du territoire français
Un prisonnier même allemand est un humain
Cette approche humaniste reflète bien la position du journal qui – malgré les changements démographiques sociaux et politiques – a toujours essayé de garder une vision équilibrée du phénomène migratoire