La bande de Gaza, territoire de 365 km² abritant environ 2,1 millions d'habitants, fait face à une crise agricole sans précédent. Selon le dernier rapport de la FAO publié le 3 octobre 2024, près de deux tiers des terres agricoles de Gaza ont été endommagées depuis le début des opérations militaires israéliennes, suite à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Cette destruction massive touche plus de 10 000 hectares, avec des dégâts atteignant 80% dans les régions septentrionales. Les causes sont multiples : bombardements, passage d'engins lourds, déplacements de population et établissement d'une zone tampon par l'armée israélienne.
L'agriculture, qui couvrait 42% du territoire gazaoui, jouait un rôle crucial dans l'économie locale. Avant le conflit, elle représentait 10% du PIB et faisait vivre 500 000 personnes. Les vergers, serres et petits élevages fournissaient une part importante des besoins alimentaires locaux, malgré le blocus imposé depuis 2007.
Le secteur agricole gazaoui faisait déjà face à de nombreux défis avant le conflit actuel. L'accès limité à l'eau, avec un aquifère surexploité dont 95% de l'eau est impropre à la consommation, et l'approvisionnement intermittent en électricité (4-8 heures par jour en moyenne) compliquaient le travail des agriculteurs. La dépendance au carburant pour l'irrigation et le coût élevé des intrants rendaient les fermiers particulièrement vulnérables.
La destruction actuelle aggrave considérablement la crise alimentaire à Gaza. L'agriculture locale, qui incluait la culture d'olives, d'agrumes et de fraises, ainsi que l'élevage de volailles et de petits ruminants, était essentielle pour la sécurité alimentaire de la population.
"Le secteur agricole a toujours été très important à Gaza, même s'il ne suffisait pas à couvrir les besoins de la population. Les terres ont peu de superficie, l'accès à l'eau y est difficile, avec un aquifère surexploité, l'électricité est depuis longtemps intermittente et les agriculteurs dépendent de l'achat de fuel pour pouvoir irriguer… Les fermiers étaient déjà vulnérables à cause du coût élevé des intrants."
Cette crise agricole s'inscrit dans un contexte plus large de détérioration des conditions de vie à Gaza. Avec un taux de chômage avoisinant 45% avant le conflit et une dépendance croissante à l'aide humanitaire, la situation actuelle menace de rendre le territoire inhabitable dans un futur proche, comme l'a averti l'ONU.
La reconstruction du secteur agricole gazaoui nécessitera des efforts considérables, notamment pour lutter contre la salinisation des sols et restaurer les infrastructures d'irrigation. Cette tâche s'annonce d'autant plus ardue que Gaza, avec sa côte méditerranéenne de 40 km, fait face à des restrictions sévères, y compris une limite de pêche à 6 milles nautiques de la côte.
Malgré ces défis immenses, l'agriculture reste un élément clé pour l'avenir de Gaza, s'inscrivant dans une tradition millénaire d'exploitation agricole dans cette région. La réhabilitation de ce secteur sera cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et la stabilité économique de la population gazaouie dans les années à venir.