Ynsect en difficulté : La star de la French Tech face à des défis financiers

La société française Ynsect, pionnière dans la production d'aliments à base d'insectes, traverse actuellement une période difficile. Fondée il y a environ 13 ans, cette entreprise emblématique de la French Tech vient de se placer sous la protection de la procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce d'Evry. Cette décision intervient malgré des levées de fonds impressionnantes totalisant plus de 550 millions d'euros depuis sa création.

Ynsect s'est positionnée comme un acteur innovant dans le domaine de l'alimentation durable, en proposant des produits à base d'insectes destinés à la consommation animale et humaine. Cette approche s'inscrit dans une tendance mondiale croissante, avec environ 2 milliards de personnes consommant déjà des insectes dans le monde. L'entreprise a notamment misé sur l'élevage de vers de scarabées, une méthode qui nécessite significativement moins d'eau et de terres que l'élevage traditionnel.

Malgré ces atouts, Ynsect fait face à des défis financiers majeurs. En 2022, ses ventes de produits finis n'ont atteint que 568 000 euros, tandis que ses pertes s'élevaient à près de 90 millions d'euros. Ces chiffres contrastent fortement avec les ambitions initiales de l'entreprise, qui prévoyait une rentabilité rapide grâce à un carnet de commandes bien rempli.

L'industrie des insectes comestibles présente pourtant un potentiel considérable, avec des projections estimant sa valeur à 7,96 milliards de dollars d'ici 2030. De plus, l'Union européenne a approuvé l'utilisation de certains insectes dans l'alimentation humaine en 2021, ouvrant de nouvelles perspectives pour le secteur.

La situation d'Ynsect illustre les défis auxquels sont confrontées les start-ups de la French Tech dans un contexte économique incertain. L'entreprise a peut-être vu trop grand trop tôt, multipliant les acquisitions et les projets industriels ambitieux. Sa ferme verticale de Poulainville, s'étendant sur 45 000 mètres carrés et employant plus de cent personnes, témoigne de ces ambitions.

Face à ces difficultés, Ynsect a tenté de se restructurer. En avril 2023, l'entreprise a réussi à lever 160 millions d'euros supplémentaires, mais au prix d'une valorisation en baisse. Trois mois plus tard, le fondateur Antoine Hubert a cédé sa place à Shankar Krishnamoorthy, un manageur expérimenté venu d'Engie.

L'avenir d'Ynsect reste incertain, mais l'entreprise dispose d'atouts non négligeables. Les insectes offrent une solution prometteuse pour une alimentation plus durable, avec une conversion alimentaire plus efficace que le bétail traditionnel et une production générant moins de gaz à effet de serre. De plus, les insectes sont riches en nutriments essentiels et peuvent être utilisés dans divers domaines, de l'alimentation animale à la biodégradation des déchets plastiques.

La situation d'Ynsect soulève des questions plus larges sur l'avenir de la French Tech et les ambitions de réindustrialisation verte de la France. Elle met en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises innovantes dans leur quête de croissance et de rentabilité, tout en poursuivant des objectifs de durabilité.

"Avec notre fabrication de protéines à base d'insectes, nous voulons rendre plus soutenable la chaîne alimentaire, notamment animale."

Alors que l'entreprise cherche à surmonter ses difficultés financières, son parcours reste emblématique des opportunités et des obstacles rencontrés par les start-ups françaises dans le domaine de l'innovation durable. L'avenir dira si Ynsect parviendra à redresser la barre et à concrétiser son potentiel dans un secteur prometteur mais encore en développement.