Vautrin cherche à apaiser les tensions avec les élus locaux

Catherine Vautrin, nouvelle ministre du partenariat territorial, tente de réconcilier le gouvernement avec les élus locaux. Sans annonces concrètes, elle promet une écoute attentive et la mise en œuvre de réformes existantes.

27 septembre 2024, 09:09  •  0 vues

Vautrin cherche à apaiser les tensions avec les élus locaux

Dans un contexte de tensions persistantes entre le gouvernement central et les collectivités territoriales, Catherine Vautrin, récemment nommée ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, a entrepris une démarche de réconciliation lors du congrès de Régions de France à Strasbourg les 25 et 26 septembre 2024.

Cette initiative intervient après sept années de relations difficiles sous la présidence d'Emmanuel Macron, marquées par des incompréhensions mutuelles. La décentralisation en France, initiée dans les années 1980 avec les lois Defferre, a connu de nombreuses évolutions, mais le "millefeuille administratif" reste un sujet de préoccupation majeur.

Vautrin a adopté une approche empathique, déclarant : « Je suis des vôtres, et je suis donc à même d'entendre et de comprendre les besoins qui sont les vôtres ». Cette stratégie vise à apaiser les tensions dans un paysage administratif complexe, comprenant 18 régions, plus de 35 000 communes, et représentant environ 20% des dépenses publiques françaises.

Bien que la ministre n'ait pas fait d'annonces majeures, elle a promis que le rapport sur la décentralisation remis en mai 2024 par Boris Ravignon serait mis en œuvre. Ce rapport souligne que l'enchevêtrement des compétences coûte 7,5 milliards d'euros par an, un chiffre qui illustre l'ampleur du défi à relever.

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Vautrin a également indiqué que sa priorité n'était pas de porter une grande loi de décentralisation, contrairement aux promesses antérieures. Cette approche pragmatique semble tenir compte des difficultés parlementaires actuelles et de la nécessité d'agir concrètement plutôt que de légiférer à nouveau.

La création d'un ministère dédié au partenariat territorial, placé au troisième rang dans la hiérarchie gouvernementale, est perçue comme un signal positif par certains élus, dont Carole Delga, présidente de Régions de France. Cependant, les réactions restent mitigées, comme en témoigne le soutien de Delga à une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier.

Cette démarche de réconciliation s'inscrit dans un contexte plus large de réformes territoriales. Depuis 2015, la loi NOTRe a renforcé le rôle des régions et des intercommunalités, tandis que la clause générale de compétence des régions et départements a été supprimée. Les collectivités font face à des défis financiers, notamment avec la suppression progressive de la taxe d'habitation entre 2018 et 2023.

« Il faut respecter les élus locaux, car ils ont une grande partie des solutions, si on veut bien leur faire confiance. »

Michel Barnier, Premier ministre

L'avenir dira si cette nouvelle approche permettra de résoudre les problèmes structurels du "millefeuille administratif" français et d'améliorer l'efficacité de la gouvernance locale. Les élus locaux, qui gèrent des responsabilités cruciales allant du développement économique à l'action sociale, attendent des actes concrets pour simplifier leurs missions et renforcer leur autonomie.

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Alors que le discours de politique générale de Michel Barnier est attendu le 1er octobre 2024, les collectivités territoriales espèrent que cette "opération séduction" se traduira par des mesures concrètes pour améliorer la collaboration entre l'État et les territoires, et pour optimiser le service public local dans l'intérêt des citoyens.