Un roman mélancolique sur la fin d'une époque rurale en Corrèze

Xavier Patier explore la disparition de la vie rurale traditionnelle dans son nouveau roman "Un jour de chien". L'histoire d'une dernière chasse à courre symbolise la fin d'une ère en Corrèze.

23 septembre 2024, 14:07  •  29 vues

Un roman mélancolique sur la fin d'une époque rurale en Corrèze

Dans son dernier roman "Un jour de chien", Xavier Patier nous plonge dans l'univers en déclin de la vie rurale traditionnelle en Corrèze, un département français situé dans la région Nouvelle-Aquitaine. L'auteur, né en 1958 dans cette même région, utilise son expérience personnelle pour dépeindre avec justesse les transformations profondes du monde rural.

L'histoire se déroule au nord d'Uzerche, une commune corrézienne, et se concentre sur le domaine de Fénayes. Le protagoniste, Daguet, est le piqueux du domaine, responsable de la meute de chiens courants utilisée pour la chasse à courre. Cette pratique controversée, interdite dans plusieurs pays européens, sert de toile de fond à une réflexion plus large sur la disparition d'un mode de vie.

Daguet, fils de métayer et issu d'une lignée de serviteurs fidèles, approche maintenant les 70 ans. Sa patronne, Solange, du même âge, a hérité du domaine de ses parents. Le roman explore la relation complexe entre ces deux personnages, Daguet nourrissant un amour secret pour Solange depuis sa jeunesse.

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L'intrigue se déroule sur une seule journée de décembre, de l'aube jusqu'à tard dans la nuit. Solange annule la chasse prévue en raison du froid et de la neige, mais des circonstances imprévues poussent Daguet et quelques membres de l'équipage à se lancer dans une dernière traque au cerf élaphe. Cette chasse improvisée, alimentée par le vin et le désespoir, se termine de manière grotesque contre le grillage d'une station d'autoroute, probablement l'A20 qui traverse la Corrèze.

"On voudrait croire que rien ne change. Enfin pas davantage que les saisons, qui passent mais qui toujours reviennent. Sauf qu'à se succéder elles emportent les années. Et le monde, au bout du compte, n'est plus du tout le même."

Réflexion de l'auteur sur le changement

Cette dernière chasse symbolise la fin d'une époque, avec l'hallali sonnant non seulement pour l'animal traqué, mais aussi pour tout un mode de vie. Patier dresse un constat désenchanté de la transformation du paysage rural : les routes à quatre voies traversent les forêts, les lotissements grignotent les campagnes, et la vie rurale traditionnelle se retrouve reléguée aux musées d'arts et traditions populaires.

Le roman aborde également la disparition progressive de la domesticité dans les grandes maisons, un phénomène qui a marqué le 20e siècle. La mécanisation de l'agriculture et l'exode rural ont profondément transformé la vie à la campagne, menaçant la préservation du patrimoine rural, un enjeu culturel important en France.

Xavier Patier, qui mène de front une carrière de haut fonctionnaire et d'écrivain, a déjà exploré des thèmes similaires dans ses œuvres précédentes. Dans "Le Silence des termites", publié en 2009 aux éditions La Table Ronde, il décrivait l'effondrement d'une civilisation entière.

"Un jour de chien" s'inscrit dans la tradition du roman rural, un genre important de la littérature française. À travers cette histoire de mélancolie et de "bonheur bizarre", Patier nous invite à réfléchir sur la valeur de ces mondes qui disparaissent lentement, tout en laissant une lueur d'espoir que certaines choses pourraient peut-être durer.