Tensions au sein du nouveau gouvernement Barnier sur l'immigration et la justice

Le gouvernement Barnier fait face à des désaccords internes dès ses débuts. Les déclarations controversées sur l'immigration et la justice révèlent des tensions et l'influence de l'extrême droite sur le nouvel exécutif.

25 septembre 2024, 03:27  •  0 vues

Tensions au sein du nouveau gouvernement Barnier sur l'immigration et la justice

Le nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier connaît des débuts difficiles, marqués par des désaccords internes sur des sujets sensibles tels que l'immigration et la justice. Ces tensions, apparues dès le 24 septembre 2024, mettent en lumière l'influence croissante de l'extrême droite sur le nouvel exécutif français.

Bruno Retailleau, récemment nommé ministre de l'Intérieur, a fait des déclarations controversées sur l'immigration et la justice qui ont suscité des réactions au sein même du gouvernement. Ses propos, qui ne détonneraient pas dans le discours de Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national depuis 2011, ont été critiqués par certains de ses collègues.

"Je n'aurai qu'un seul mot d'ordre : rétablir l'ordre. Nous allons prendre tous les moyens pour faire baisser l'immigration en France."

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur

Le ministre de l'Intérieur, dont le bureau est situé Place Beauvau à Paris, a annoncé son intention de réformer l'Aide Médicale d'État (AME), créée en 2000 pour les étrangers en situation irrégulière, et de rétablir le "délit de séjour irrégulier" supprimé sous la présidence de François Hollande. Il a également évoqué la possibilité de mettre en place des contrôles aléatoires aux frontières, une mesure qui devra être conforme au code frontières Schengen.

Ces déclarations ont provoqué des remous au sein de la classe politique. Sacha Houlié, député non-inscrit de la Vienne et ancien président de la commission des lois de l'Assemblée nationale, a critiqué la position de Retailleau, la qualifiant de "retour de la droite Trocadéro", faisant référence à un lieu symbolique pour les rassemblements politiques à Paris.

La cohésion gouvernementale, principe essentiel pour l'efficacité de l'action politique, a été mise à mal par les propos de Retailleau sur la justice. Le ministre a appelé à "changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s'installer ce droit à l'inexécution des peines", ce qui a provoqué une réaction de son collègue Didier Migaud, garde des Sceaux et ancien premier président de la Cour des comptes.

Migaud a rappelé que "la justice est indépendante dans notre pays" et a contesté l'affirmation selon laquelle elle serait "lente ou ne condamnerait pas suffisamment". Cette passe d'armes entre les ministres de l'Intérieur et de la Justice, bien que classique dans la vie des cabinets, survient à un moment inopportun, alors que le gouvernement vient à peine d'être formé.

Image

L'ancien ministre socialiste de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a critiqué l'approche de Retailleau, suggérant que ce dernier cherche à détourner l'attention des faibles taux d'élucidation des crimes et délits. En 2022, selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, seulement 6% des vols et 7% des cambriolages ont été élucidés.

Ces tensions au sein du gouvernement Barnier soulèvent des questions sur la capacité de l'exécutif à maintenir une ligne cohérente sur des sujets aussi cruciaux que l'immigration et la justice. Alors que Michel Barnier avait appelé à "la cohésion" et à "la fraternité" au sein de son équipe, ces premiers désaccords publics mettent à l'épreuve sa capacité à unifier son gouvernement et à mettre en œuvre une politique claire et consensuelle.