Tanzanie : Répression d'une manifestation de l'opposition à Dar es-Salaam

La police tanzanienne a arrêté brièvement des leaders de l'opposition lors d'une manifestation interdite à Dar es-Salaam. Cette action s'inscrit dans un contexte de tensions politiques croissantes dans le pays.

24 septembre 2024, 08:36  •  256 vues

Tanzanie : Répression d'une manifestation de l'opposition à Dar es-Salaam

Le 23 septembre 2024, la ville de Dar es-Salaam, centre économique de la Tanzanie, a été le théâtre d'une répression policière visant une manifestation organisée par le principal parti d'opposition, le Chadema. Cette action s'inscrit dans un contexte de tensions politiques croissantes dans ce pays d'Afrique de l'Est, connu pour ses parcs nationaux emblématiques comme le Serengeti et le Kilimandjaro.

Les forces de l'ordre ont procédé à l'arrestation de plusieurs figures de l'opposition, dont Freeman Mbowe et Tundu Lissu, respectivement président et vice-président du Chadema. Ces interpellations ont eu lieu malgré les appels du parti à une manifestation pacifique, en réaction au meurtre récent d'un de leurs dirigeants, Ali Mohamed Kibao.

Le Chadema, fondé en 1992 et principal parti d'opposition dans un pays dominé par le Chama Cha Mapinduzi (CCM) depuis l'indépendance en 1961, accuse le gouvernement de la présidente Samia Suluhu Hassan de revenir à des pratiques autoritaires. Cette dernière, première femme à occuper la présidence tanzanienne, avait initialement montré des signes d'ouverture démocratique lors de son arrivée au pouvoir en mars 2021.

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La répression de cette manifestation soulève des inquiétudes quant à l'état de la démocratie en Tanzanie, un pays qui abrite plus de 120 groupes ethniques différents et qui a longtemps été considéré comme un modèle de stabilité politique dans la région. Les groupes de défense des droits humains et plusieurs gouvernements occidentaux ont exprimé leurs préoccupations face à l'intensification de la répression, notamment à l'approche des élections locales prévues en novembre 2024 et des élections générales fin 2025.

"Nous sommes surpris par l'ampleur de la force utilisée par la police pour menacer les gens et réprimer notre liberté"

Freeman Mbowe, président du Chadema

La situation politique tendue contraste avec les progrès économiques et sociaux réalisés par la Tanzanie ces dernières années. Le pays a connu une croissance économique constante, des avancées dans l'éducation primaire universelle et la découverte d'importantes réserves de gaz naturel. Cependant, ces développements positifs sont désormais éclipsés par les préoccupations concernant la liberté d'expression et les droits politiques.

La réponse du gouvernement aux critiques internationales a été ferme. La présidente Hassan a déclaré le 17 septembre : "Nous n'avons pas à recevoir des directives sur ce que nous devons faire dans notre propre pays", soulignant la volonté de l'administration de maintenir l'ordre public.

Malgré la libération sous caution des leaders de l'opposition en fin de journée, la tension politique reste palpable. Le Chadema, qui ne compte que 20 députés au Parlement contre 365 pour le parti au pouvoir, continue de dénoncer ce qu'il perçoit comme une répression croissante à son égard.

Cette situation met en lumière les défis auxquels la Tanzanie est confrontée pour maintenir un équilibre entre stabilité politique et pluralisme démocratique, tout en poursuivant son développement économique et en préservant sa riche diversité culturelle et naturelle.