Susan Neiman : La gauche n'est pas "woke", elle est héritière des Lumières

La philosophe Susan Neiman défend les idéaux des Lumières comme fondamentaux pour la gauche, s'opposant aux critiques "woke". Son nouvel essai souligne l'importance de l'universalisme, de la justice et du progrès.

27 septembre 2024, 14:05  •  105 vues

Susan Neiman : La gauche n'est pas "woke", elle est héritière des Lumières

Dans son nouvel essai, la philosophe américaine Susan Neiman défend avec vigueur les principes des Lumières comme fondement essentiel de la gauche politique. Cet ouvrage, intitulé "La gauche n'est pas woke", s'oppose fermement aux critiques émanant de la gauche dite "radicale woke".

Neiman identifie trois convictions fondatrices des Lumières qui, selon elle, définissent l'essence de la gauche depuis plusieurs générations :

  • L'universalisme : l'idée que l'humanité est une et que des valeurs communes peuvent la rassembler au-delà des différences.
  • La justice : la croyance en la possibilité de réaliser progressivement l'égalité et la dignité.
  • Le progrès : la conviction que la condition humaine peut s'améliorer et que l'histoire se construit.

Ces principes, hérités du mouvement intellectuel du 18e siècle, ont profondément influencé la pensée politique moderne. Les Lumières, dont Emmanuel Kant était une figure majeure, ont façonné des documents fondamentaux tels que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

Image

Cependant, Neiman constate que ces idéaux sont aujourd'hui remis en question par certains courants de pensée. La gauche "woke", influencée par des concepts comme l'intersectionnalité et la théorie critique de la race, accuse ces principes d'être des instruments de domination occidentale.

Neiman, qui a enseigné à Princeton, Yale et Tel-Aviv avant de s'installer en Allemagne, réfute ces critiques. Elle argue qu'elles résultent souvent de malentendus et d'une méconnaissance de l'histoire des idées. Pour elle, abandonner ces idéaux reviendrait à adopter des positions réactionnaires, voire fascistes.

La philosophe souligne l'importance continue de ces principes :

"Sans ces trois idéaux fondateurs, il n'y a pas de gauche."

Susan Neiman affirme :

Elle rappelle que les Lumières ont promu des concepts essentiels tels que la séparation de l'Église et de l'État, la tolérance religieuse et le développement de la méthode scientifique. Ces idées ont eu un impact durable, influençant notamment la rédaction de la Constitution américaine.

En défendant l'héritage des Lumières, Neiman invite à une réflexion approfondie sur les fondements de la pensée de gauche. Elle nous rappelle que des figures comme Voltaire, Rousseau et Diderot ont jeté les bases d'une pensée progressiste qui reste pertinente aujourd'hui.

L'essai de Neiman apparaît comme un plaidoyer pour une gauche qui, tout en restant fidèle à ses racines intellectuelles, peut faire face aux défis contemporains. Il nous rappelle que les idéaux d'universalisme, de justice et de progrès, loin d'être obsolètes, demeurent des outils précieux pour construire un monde plus équitable.