Seine-Saint-Denis : Un plan ambitieux pour la mixité scolaire

La Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus pauvre de France métropolitaine, fait face à un défi majeur : améliorer la mixité sociale dans ses établissements scolaires. Malgré les transformations importantes que connaît ce territoire, la ségrégation scolaire reste un problème persistant.

Pour répondre à cette problématique, le département et le rectorat de Créteil ont annoncé le 2 septembre 2024 un plan conjoint visant à renforcer l'attractivité des collèges publics du "93". Ce plan s'accompagne de la création d'un observatoire de la mixité scolaire et de l'attractivité, inauguré le 27 septembre 2024.

Le projet cible initialement 11 collèges pour la rentrée 2024, avec une extension prévue à 14 établissements supplémentaires en 2025, puis 15 de plus en 2026. Au total, environ un tiers des collèges du département seront concernés par cette initiative.

Les mesures prévues incluent des financements spécifiques du rectorat pour enrichir l'offre de formation avec des "sections attractives". Parmi celles-ci, on trouve des classes à horaires aménagés pour la pratique artistique, des sections internationales et des sections sportives. Le dispositif "8 heures-18 heures" sera également mis en place, proposant aux élèves des activités variées sur cette plage horaire.

De son côté, le département s'engage à prioriser ces collèges en matière d'investissement matériel et de financement de projets, sans pour autant négliger les autres établissements.

Julie Benetti, rectrice de l'académie de Créteil, explique que ce plan est né du constat d'un phénomène d'évitement des collèges publics, mettant à mal la mixité sociale et scolaire. Dans certains établissements, le taux d'évitement atteint 35%, signifiant qu'une proportion importante d'élèves ne rejoint pas le collège de leur secteur après l'école primaire.

Ce phénomène se traduit par des écarts significatifs entre les collèges publics et privés du département. L'indice de position sociale (IPS) des collèges publics de Seine-Saint-Denis est nettement inférieur à la moyenne nationale (87,9 contre 100), tandis que celui des collèges privés du département est dans la moyenne nationale (118 contre 117).

Il est important de noter que la Seine-Saint-Denis, créée le 1er janvier 1968, est un territoire en pleine mutation. Le département accueillera plusieurs épreuves des Jeux olympiques de 2024 et bénéficie d'importants projets de rénovation urbaine. Il abrite également le Stade de France et est traversé par le canal de l'Ourcq, une voie d'eau historique.

La diversité culturelle est une caractéristique marquante de ce territoire, avec plus de 130 nationalités représentées. La Seine-Saint-Denis est aussi connue pour être le berceau du hip-hop français et abrite le plus grand marché aux puces d'Europe à Saint-Ouen.

Le département compte plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, dont la basilique de Saint-Denis, et accueille les Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Il est également un pôle éducatif important avec plusieurs universités, dont Paris 8 et Paris 13.

Malgré ces atouts, la Seine-Saint-Denis reste confrontée à des défis socio-économiques majeurs, avec l'un des taux de chômage les plus élevés de France métropolitaine. C'est dans ce contexte que le plan pour la mixité scolaire prend toute son importance, visant à offrir de meilleures opportunités éducatives à la jeunesse du département.

"La Seine-Saint-Denis est en train de se transformer rapidement et massivement sur le plan social, urbain, économique. Elle est à un moment de bascule et il n'est pas possible que l'école reste sur le bord du chemin."

Ce plan ambitieux s'inscrit dans une dynamique plus large de transformation du territoire, incluant le développement du Grand Paris Express avec plusieurs nouvelles gares prévues. L'objectif est de faire de l'éducation un levier majeur pour l'avenir de ce département en pleine mutation.