Scandale sexuel : Mohammed Al-Fayed accusé d'agressions multiples

Mohammed Al-Fayed, figure emblématique du monde des affaires, se retrouve au cœur d'un scandale sexuel d'une ampleur considérable. Cinq femmes ont récemment porté des accusations graves contre l'ancien propriétaire des grands magasins Harrods et de l'hôtel Ritz à Paris, décédé en 2023 à l'âge de 94 ans.

Ces allégations, révélées dans un documentaire de la BBC diffusé le 19 septembre 2024, dépeignent Al-Fayed comme un prédateur sexuel ayant commis de multiples agressions, y compris des viols, certaines victimes étant mineures au moment des faits. Les incidents présumés se seraient produits entre les années 1980 et le début des années 2000, période durant laquelle Al-Fayed était à la tête de l'empire Harrods.

L'affaire prend une ampleur considérable. Bruce Drummond, avocat représentant 37 victimes présumées, a déclaré le 21 septembre 2024 que 150 nouvelles enquêtes individuelles ont été ouvertes depuis la diffusion du documentaire. Il qualifie cette affaire de "probablement le pire cas d'exploitation sexuelle de jeunes femmes au monde", la comparant au scandale impliquant le producteur américain Harvey Weinstein.

Les agressions auraient eu lieu dans divers endroits liés à Al-Fayed, notamment son appartement londonien, le Ritz à Paris, et la villa Windsor en bordure du bois de Boulogne. Cette dernière, rachetée par Al-Fayed au milieu des années 1980, était l'ancienne résidence du roi Édouard VIII. Il est intéressant de noter qu'Al-Fayed avait fait restaurer cette villa pour 12 millions de dollars, illustrant son goût pour le luxe et son intérêt pour l'histoire.

Les témoignages des victimes sont poignants. Une femme, s'exprimant sous couvert d'anonymat, affirme avoir été violée dans l'appartement d'Al-Fayed à Park Lane, soulignant son absence de consentement. Une autre, nommée Gemma, ancienne assistante personnelle d'Al-Fayed entre 2007 et 2009, rapporte avoir été agressée dans la villa Windsor.

Ces révélations jettent une ombre sur l'héritage d'Al-Fayed, qui était connu pour ses nombreuses entreprises et son influence dans le monde des affaires. Propriétaire de Harrods de 1985 à 2010, il avait également possédé le Fulham Football Club et présidé le Ritz Paris pendant plusieurs décennies. Son implication dans le financement du film "Chariots of Fire", oscarisé en 1982, témoigne de son influence dans divers domaines.

L'affaire soulève également des questions sur les pratiques au sein de Harrods. Une victime, Natacha, a révélé avoir été soumise à des tests de dépistage du VIH et d'infections sexuellement transmissibles par la direction de l'entreprise, sans jamais recevoir les résultats. Cette information troublante suggère une possible complicité ou négligence de la part de l'entreprise.

"J'ai fait très clairement comprendre que je ne voulais pas. Je n'ai pas donné mon consentement, je voulais juste qu'il en finisse"

Ces accusations interviennent dans un contexte où la réputation d'Al-Fayed était déjà controversée. Refusé deux fois pour la citoyenneté britannique, il avait été impliqué dans le scandale "Cash for Questions" au Royaume-Uni dans les années 1990. Ses accusations contre la famille royale britannique concernant la mort de son fils Dodi et de la princesse Diana en 1997 avaient également fait couler beaucoup d'encre.

L'ampleur de cette affaire et la gravité des accusations portées contre Mohammed Al-Fayed risquent de redéfinir l'héritage de cet homme d'affaires controversé, mettant en lumière les abus de pouvoir dans le monde des affaires et l'importance de donner la parole aux victimes.