Réforme des bas salaires : le secteur du nettoyage s'inquiète

Face aux propositions de réforme des bas salaires, la Fédération des entreprises de propreté exprime ses inquiétudes. Le rapport Bozio-Wasmer soulève des questions cruciales pour l'avenir du secteur.

27 septembre 2024, 08:07  •  489 vues

Réforme des bas salaires : le secteur du nettoyage s'inquiète

La question de la revalorisation des bas salaires en France suscite un vif débat, notamment dans le secteur du nettoyage. Alors que 17,3% des travailleurs français percevaient le salaire minimum en 2023, le gouvernement a commandé il y a un an un rapport à deux économistes, Antoine Bozio et Etienne Wasmer, pour proposer des solutions.

Le SMIC, créé en 1970, reste un outil central de la politique salariale française. Cependant, le système actuel d'allègements de cotisations sociales, mis en place depuis les années 1990, a créé un effet pervers appelé "trappe à bas salaires". Ce mécanisme n'incite pas les employeurs à augmenter les salaires, car chaque revalorisation entraîne une double pénalité : une hausse du salaire versé et une baisse des exonérations.

Pour résoudre ce problème, le rapport Bozio-Wasmer proposerait de réduire les allègements au niveau du SMIC de 4 points et de les lisser jusqu'à 2,5 SMIC. Cette proposition a suscité de vives réactions, notamment de la part de la Fédération des entreprises de propreté, d'hygiène et services associés (FEP).

Philippe Jouanny, président de la FEP, s'inquiète :

Notre secteur ne parvient déjà pas à revaloriser le prix de nos contrats commerciaux à la hauteur de l'augmentation de nos coûts. Comment encaisser alors un relèvement des cotisations patronales avec des marges très faibles ?

Le secteur du nettoyage, qui emploie environ 500 000 personnes en France, est particulièrement vulnérable à ces changements. Avec un salaire minimum légèrement supérieur au SMIC (12,13 euros contre 11,65 euros de l'heure), les entreprises de nettoyage seraient parmi les premières touchées par cette réforme.

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Il est important de noter que le secteur du nettoyage représente environ 1% du PIB français et fait face à de nombreux défis. Le taux de syndicalisation y est faible (environ 2%), et le travail à temps partiel concerne environ 70% des salariés. De plus, le secteur connaît un taux de rotation du personnel d'environ 30% par an et des difficultés de recrutement avec environ 20 000 postes non pourvus chaque année.

La crise du COVID-19 a également eu un impact significatif sur ce secteur, tout comme l'émergence de nouvelles normes environnementales et la concurrence accrue des auto-entrepreneurs et des plateformes numériques.

Face à ces défis, la proposition de réforme des bas salaires soulève des questions cruciales pour l'avenir du secteur du nettoyage en France. Il reste à voir comment le gouvernement équilibrera la nécessité de revaloriser les bas salaires avec les préoccupations des entreprises du secteur.