Procès pour génocide : une Française accusée de crimes contre les Yézidis

Une ex-épouse d'un émir de l'EI fait face à un procès pour génocide et crimes contre l'humanité. Accusée d'avoir réduit en esclavage une adolescente yézidie, elle risque de lourdes charges.

24 septembre 2024, 12:15  •  89 vues

Procès pour génocide : une Française accusée de crimes contre les Yézidis

Le 24 septembre 2024, un juge d'instruction a ordonné un procès pour génocide et crimes contre l'humanité contre Sonia Mejri, une Française de 35 ans revenue de Syrie. Cette décision marque une étape importante dans la poursuite des crimes commis contre la communauté yézidie, une minorité religieuse kurdophone principalement présente en Irak.

Sonia Mejri, originaire du sud de la France, est accusée d'avoir réduit en esclavage une adolescente yézidie au printemps 2015 en Syrie. À l'époque, elle vivait avec son ex-mari, Abdelnasser Benyoucef, considéré comme l'un des fondateurs de la cellule des opérations extérieures de l'État islamique (EI). Cette affaire s'inscrit dans le contexte plus large de la campagne génocidaire lancée par l'EI contre les Yézidis en 2014, qui a vu des milliers de femmes et d'enfants enlevés et soumis à l'esclavage.

Le couple est accusé de multiples crimes, notamment d'esclavage, d'emprisonnement, de torture, de viols ou complicité de viols, de persécution et d'actes inhumains. Parmi ces actes, l'ordonnance souligne la tentative de conversion forcée de la victime, illustrant la volonté de l'EI d'effacer l'identité culturelle et religieuse des Yézidis.

Le témoignage de la victime, aujourd'hui âgée de 25 ans, est au cœur de l'accusation. Elle décrit un quotidien de maltraitance, affirmant avoir été séquestrée pendant plus d'un mois, privée de ses besoins fondamentaux sans l'autorisation de Sonia Mejri. Ces allégations reflètent les défis auxquels font face les survivants yézidis, dont la réintégration dans leur communauté pose des problèmes sociaux complexes.

"Je ne pouvais ni boire, ni manger, ni me doucher sans l'autorisation de Sonia Mejri."

Témoignage de la victime yézidie
Image

Il est important de noter que la communauté internationale a reconnu les crimes de l'EI contre les Yézidis comme un génocide. Cette reconnaissance a conduit à des efforts internationaux pour poursuivre les responsables et soutenir les survivants. En 2021, le gouvernement irakien a adopté une loi visant à aider les survivants yézidis, tandis que des organisations internationales travaillent à leur réhabilitation psychologique.

Abdelnasser Benyoucef, présumé mort en 2016 dans la zone syro-irakienne, est également visé par ce procès. Déjà condamné par contumace en France pour l'attentat avorté de Villejuif en 2015, il fait face à des accusations de génocide, crimes contre l'humanité et direction d'une association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Sonia Mejri, incarcérée depuis son retour de Syrie, a témoigné lors de procès pour crimes terroristes, ce qui lui vaut le statut de "repentie convaincue" selon son avocat. Ce statut soulève des questions sur le rôle des anciens membres de l'EI dans la justice et la réconciliation.

Cette affaire met en lumière les efforts continus pour documenter et préserver l'histoire des Yézidis, dont la culture et les traditions sont menacées. Le prix Nobel de la paix 2018, attribué à Nadia Murad, une survivante yézidie, a contribué à sensibiliser le monde à leur cause.

Alors que le procès se profile, la communauté internationale reste vigilante. La découverte continue de fosses communes en Irak et les défis de reconstruction dans la région de Sinjar rappellent l'ampleur des crimes commis et l'importance de la justice pour les victimes yézidies.