Procès Indexia : Les victimes témoignent de prélèvements bancaires abusifs

Au procès du groupe Indexia (ex-SFAM), les victimes révèlent comment des milliers d'euros ont été prélevés sur leurs comptes pendant des années, souvent à leur insu, mettant en lumière des pratiques commerciales trompeuses.

26 septembre 2024, 17:08  •  0 vues

Procès Indexia : Les victimes témoignent de prélèvements bancaires abusifs

Le procès pour pratiques commerciales trompeuses de Sadri Fegaier, dirigeant du groupe Indexia (anciennement SFAM), se déroule actuellement à Paris. Les 25 et 26 septembre 2024, de nombreuses victimes ont témoigné devant la 31e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire, révélant comment des milliers d'euros ont été prélevés sur leurs comptes bancaires pendant des années, souvent à leur insu.

La SFAM, fondée en 1999, s'est spécialisée dans l'assurance affinitaire pour appareils électroniques. En 2018, l'entreprise a acquis 11% du capital de Fnac Darty pour 335 millions d'euros, illustrant son expansion rapide. Cependant, cette croissance s'est accompagnée de controverses.

Les témoignages des victimes mettent en lumière un schéma récurrent. Un professeur d'université a expliqué avoir souscrit une assurance pour 15,99 euros par mois lors de l'achat d'un smartphone à la Fnac le 5 avril 2018. Il s'est retrouvé avec 7 926 euros de prélèvements indus. Ce cas n'est pas isolé : Léo, un jeune homme, a vu 23 987 euros ponctionnés de son compte entre 2017 et 2023 après l'achat d'un ordinateur.

Les victimes ont souvent fait preuve d'une confiance excessive envers l'entreprise. "Quand j'ai donné une autorisation de prélèvement, je ne passe pas mon temps à regarder mes comptes", a admis l'une d'elles. Cette confiance a été exploitée par des pratiques commerciales trompeuses, pour lesquelles la DGCCRF a infligé une amende de 10 millions d'euros à la SFAM en 2019.

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Les cas les plus troublants concernent les personnes vulnérables. Jason, atteint d'une infirmité motrice cérébrale, a dénoncé un "abus de confiance sur personne en situation de handicap". Sa signature aurait été falsifiée sur plusieurs contrats. De même, une nonagénaire a perdu 20 932 euros entre 2014 et 2022, ce qui a gravement affecté sa santé mentale et physique.

La période de la pandémie de Covid-19 a exacerbé la situation, de nombreuses victimes étant moins attentives à leurs comptes bancaires. Malika, médecin, était "très occupée", tandis que d'autres faisaient face à des deuils. Les "prélèvements indolores" à deux chiffres passaient souvent inaperçus.

"Les prélèvements à deux chiffres avant la virgule, que les banquiers appellent des 'prélèvements indolores', on n'y fait pas attention."

Une victime témoigne

Ces révélations soulèvent des questions sur les pratiques du groupe Indexia, qui employait environ 3000 personnes en 2021 et réalisait un chiffre d'affaires de 740 millions d'euros en 2020. L'entreprise a été accusée de vendre des assurances sans le consentement éclairé des clients et de pratiquer des résiliations difficiles.

Le procès en cours marque un tournant pour le groupe Indexia, qui a tenté de se diversifier dans d'autres secteurs comme l'immobilier et l'hôtellerie. En 2023, une perquisition a été menée dans le cadre d'une enquête pour escroquerie, ajoutant aux multiples condamnations déjà prononcées pour pratiques commerciales trompeuses.

Cette affaire met en lumière l'importance de la vigilance des consommateurs et soulève des questions sur la régulation du secteur de l'assurance affinitaire en France.