Première Française accusée de génocide : le cas Sonia Mejri

Sonia Mejri, ex-membre de l'EI, fait face à des accusations de génocide et crimes contre l'humanité. Son procès marque une première dans l'histoire judiciaire française, mettant en lumière les atrocités commises contre les Yézidis.

25 septembre 2024, 08:43  •  14 vues

Première Française accusée de génocide : le cas Sonia Mejri

Pour la première fois dans l'histoire judiciaire française, une citoyenne est renvoyée devant une cour d'assises spéciale pour le crime de génocide. Sonia Mejri, 35 ans, ancienne résidente de Romans-sur-Isère, fait face à des accusations sans précédent qui pourraient marquer un tournant dans la jurisprudence nationale.

Le 19 septembre 2014, Mejri a quitté la France pour rejoindre le territoire contrôlé par l'organisation État islamique (EI) en Syrie. Cette décision a marqué le début d'une série d'événements qui l'ont conduite à sa situation actuelle. Peu après son arrivée, elle a épousé Abdelnasser Benyoucef, un émir de l'EI connu sous le nom de guerre d'Abou Al-Mouthana.

Benyoucef, originaire d'Algérie et ayant grandi en France, avait un passé complexe. Il avait étudié la religion au Caire et à Damas avant de se rendre en Afghanistan dans les années 1990 pour une formation militaire. Son parcours illustre la trajectoire typique de nombreux djihadistes de cette époque, l'Afghanistan servant de base d'entraînement pour les futurs combattants.

Après la mort présumée de Benyoucef en mars 2016, Mejri s'est remariée avec Rabir Gherbi, un autre combattant de l'EI. Le couple a été arrêté à Baghouz, dernier bastion de l'EI en Syrie, en mars 2019. Cette chute de Baghouz a marqué la fin territoriale du pseudo-califat, bien que l'idéologie de l'organisation persiste.

Mejri a réussi à fuir en Turquie avec ses enfants avant d'être expulsée vers la France. Son retour en tant que "revenante" a immédiatement déclenché une procédure judiciaire. Initialement mise en examen le 28 janvier 2020, l'enquête a pris une tournure inattendue lorsque des informations sur son implication dans l'esclavage d'une femme yézidie ont émergé.

"Sonia Mejri avait évoqué (...) la présence dans son foyer syrien d'une esclave yézidie appartenant à son mari"

Rapport du service pénitentiaire et de probation

Cette révélation a conduit à l'élargissement des charges contre Mejri, incluant désormais le génocide et les crimes contre l'humanité. Ces accusations reflètent la gravité des atrocités commises contre la communauté yézidie, une minorité religieuse kurde systématiquement persécutée par l'EI depuis 2014.

Le cas de Mejri soulève des questions cruciales sur la responsabilité individuelle dans les crimes de masse et la capacité du système judiciaire français à traiter de telles affaires. Il met également en lumière l'importance de la compétence universelle, permettant aux pays de juger des crimes graves commis à l'étranger.

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Ce procès historique, s'il se confirme, pourrait établir un précédent important dans la lutte contre l'impunité pour les crimes les plus graves. Il rappelle également l'engagement de la France à poursuivre les auteurs présumés de génocide, quel que soit le lieu où les crimes ont été commis.