Plan antibruit en Île-de-France : 100 millions d'euros pour réduire les nuisances

La région Île-de-France dévoile un plan ambitieux pour réduire la pollution sonore d'ici 2030. Malgré un budget conséquent, les écologistes critiquent le manque de mesures contre l'utilisation excessive de la voiture.

24 septembre 2024, 17:33  •  0 vues

Plan antibruit en Île-de-France : 100 millions d'euros pour réduire les nuisances

La région Île-de-France, la plus peuplée de France avec environ 12 millions d'habitants, a présenté le 24 septembre 2024 un plan antibruit visant à réduire les nuisances sonores d'ici 2030. Ce plan, doté d'un budget de 100 millions d'euros, comprend une vingtaine de mesures destinées à diminuer de 30 % l'exposition à la pollution sonore, principalement liée au trafic routier.

Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional, a détaillé les objectifs du plan lors d'une conférence de presse. Selon une enquête menée auprès de 3 000 Franciliens, les bruits les plus gênants sont liés à 48 % aux transports, dont 32 % au trafic routier. Le plan se concentrera sur les cent principaux "points noirs" identifiés dans tous les départements franciliens, en particulier les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis.

Parmi les mesures phares, la région prévoit de déployer cent "radars sonores" pour verbaliser les véhicules bruyants, notamment les deux-roues équipés de pots d'échappement illégaux. Ces radars, expérimentés pour la première fois en France en 2019, visent à réduire les nuisances sonores qui peuvent causer des problèmes de santé comme l'hypertension et les troubles du sommeil.

Le plan prévoit également l'installation de murs antibruit et d'enrobés phoniques sur les chaussées des 150 kilomètres de routes les plus bruyantes. Ces enrobés peuvent réduire le bruit routier de 3 à 9 décibels, tandis que les murs antibruit peuvent diminuer le niveau sonore de 5 à 12 décibels.

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La question du périphérique parisien, construit entre 1956 et 1973, reste un point de controverse. Valérie Pécresse s'oppose à la décision de la maire de Paris, Anne Hidalgo, de réduire la vitesse maximale à 50 km/h à partir du 1er octobre 2024. La région propose plutôt de financer pour moitié la pose d'enrobés phoniques, jugés plus efficaces que la réduction de vitesse.

Pour le bruit ferroviaire, les engagements financiers doubleront pour atteindre 30 millions d'euros dans le cadre du nouveau contrat de plan État-Région. Cette mesure est importante car les trains de fret sont généralement plus bruyants que les trains de passagers.

Malgré ces efforts, les associations écologistes critiquent le plan. Kader Chibane, président du groupe écologiste au Conseil régional, exprime sa déception, estimant que le plan ne s'attaque pas aux racines du problème, à savoir l'utilisation massive de la voiture.

Il est important de noter que le bruit des transports représente 80% du bruit environnemental en milieu urbain, et que le coût social du bruit en France est estimé à plus de 57 milliards d'euros par an. L'Organisation Mondiale de la Santé recommande un niveau de bruit extérieur inférieur à 53 décibels le jour et 45 décibels la nuit pour préserver la santé publique.

Ce plan s'inscrit dans le cadre de la directive européenne 2002/49/CE qui impose l'élaboration de cartes de bruit et de plans d'action. Il reste à voir si ces mesures seront suffisantes pour améliorer significativement la qualité de vie des 500 000 Franciliens les plus exposés aux nuisances sonores.