Pierre-William Glenn : L'adieu à un maître de la photographie cinématographique

Pierre-William Glenn, chef opérateur français renommé, s'est éteint à 80 ans. Sa carrière éclectique a marqué le cinéma français, collaborant avec des réalisateurs légendaires et innovant techniquement.

25 septembre 2024, 10:37  •  0 vues

Pierre-William Glenn : L'adieu à un maître de la photographie cinématographique

Le monde du cinéma français pleure la perte de Pierre-William Glenn, éminent chef opérateur décédé le 24 septembre 2024 à l'âge de 80 ans. Né le 31 octobre 1943 dans un Paris occupé, Glenn a laissé une empreinte indélébile sur l'industrie cinématographique française.

Sa passion pour le septième art s'est manifestée dès son plus jeune âge. Après la Seconde Guerre mondiale, il fréquentait assidûment les salles obscures, tenant même un inventaire méticuleux des films visionnés. Bien qu'il ait initialement envisagé une carrière de chirurgien et poursuivi des études en mathématiques, Glenn est revenu à sa véritable vocation grâce à son ami Claude Miller.

À 21 ans, il s'est inscrit à l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), aujourd'hui connu sous le nom de La Fémis. Sa formation s'est poursuivie aux côtés du célèbre William Lubtchansky, dont il est devenu l'assistant.

La fin des années 1960 a marqué le début de sa carrière autonome. Son travail sur "Roue de cendres" (1968) de Peter Emanuel Goldman a attiré l'attention, ouvrant la voie à une décennie prolifique. Les années 1970 ont été son âge d'or, avec plus de trente films à son actif, démontrant un éclectisme remarquable.

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Parmi ses collaborations notables figurent "La Nuit américaine" (1973) de François Truffaut, qui a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, et "État de siège" (1972) de Costa-Gavras, un film politique controversé. Il a également travaillé sur des œuvres de Bertrand Tavernier, Maurice Pialat et Alain Corneau.

Glenn a contribué à l'innovation technique en introduisant le Steadicam en France, un appareil révolutionnaire inventé par Garrett Brown en 1978. Cette technologie a permis des prises de vue fluides en mouvement, transformant l'esthétique cinématographique.

Sa carrière a couvert un large spectre de genres, du film militant au polar, en passant par le cinéma expérimental et féministe. Il a collaboré avec des réalisateurs internationaux tels que Samuel Fuller et Euzhan Palcy, élargissant son influence au-delà des frontières françaises.

"Joseph Losey m'a plus que tout autre impressionné par sa science du regard."

Joseph Losey, un maître du regard

L'héritage de Pierre-William Glenn perdure à travers les nombreux chefs-d'œuvre qu'il a contribué à créer. Son travail sur "Monsieur Klein" (1976) de Joseph Losey, où il a officié comme cadreur, reste particulièrement mémorable.

La disparition de Glenn marque la fin d'une ère pour le cinéma français. Son œuvre diverse et sa contribution à l'innovation technique continueront d'inspirer les générations futures de cinéastes et de directeurs de la photographie.