Peter Cherif avoue son rôle dans l'enlèvement d'humanitaires au Yémen

Lors de son procès à Paris, Peter Cherif a reconnu avoir été le traducteur lors de la captivité de trois humanitaires français enlevés au Yémen en 2011, après une semaine de silence.

25 septembre 2024, 08:03  •  16 vues

Peter Cherif avoue son rôle dans l'enlèvement d'humanitaires au Yémen

Dans un revirement inattendu lors de son procès à la cour d'assises spéciale de Paris, Peter Cherif a admis son implication dans la détention de trois humanitaires français enlevés au Yémen en 2011. Cette révélation survient après une semaine de silence obstiné de l'accusé.

Le 28 mai 2011, trois collaborateurs de l'ONG Triangle Génération Humanitaire ont été kidnappés au Yémen par Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA). Cette organisation, formée en 2009, est considérée comme la branche la plus dangereuse d'Al-Qaida. Les otages ont été retenus captifs pendant près de six mois dans des conditions difficiles.

Amélie M., 45 ans, l'une des ex-otages, a témoigné devant la cour. Elle a décrit son expérience traumatisante, soulignant le sentiment d'être "une marchandise". Son témoignage a mis en lumière la voix d'un "traducteur français" présent durant leur captivité.

"J'ai eu la joie d'entendre sa parole hier, à l'audience, et j'ai eu le sentiment que c'était clairement cette voix qui était présente lors de ma captivité."

Amélie M., ex-otage

Face à cette identification, Peter Cherif a finalement rompu son silence, déclarant : "Je suis ce traducteur." Il a ensuite expliqué son rôle, affirmant qu'il ignorait initialement l'enlèvement des humanitaires et qu'il avait été "mis au pied du mur" par le responsable de l'opération.

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Cette affaire met en lumière la complexité des opérations d'AQPA au Yémen, pays le plus pauvre du Moyen-Orient, en proie à un conflit civil depuis 2014. Les enlèvements d'étrangers y sont une pratique récurrente depuis les années 1990, souvent utilisés comme source de financement par les groupes terroristes.

Le procès de Peter Cherif soulève des questions cruciales sur le recrutement par des groupes terroristes et l'implication de ressortissants français dans ces activités. Il met également en évidence l'importance du témoignage des victimes dans les affaires de terrorisme et les défis de la réinsertion des ex-otages.

Cette affaire rappelle les risques auxquels sont confrontés les travailleurs humanitaires dans les zones de conflit, où les projets d'aide, comme ceux d'irrigation menés par Triangle Génération Humanitaire, sont souvent entravés par l'insécurité. Elle souligne également la politique française de non-paiement de rançons pour les otages, une position qui complique souvent les négociations pour leur libération.