Pêche illégale en Guyane : un rapport alarmant révèle une augmentation inquiétante

Une étude récente dévoile le doublement de la pêche illégale en Guyane française au cours de la dernière décennie. Les experts s'inquiètent de l'impact sur les stocks de poissons, notamment l'acoupa rouge.

21 septembre 2024, 15:43  •  1128 vues

Pêche illégale en Guyane : un rapport alarmant révèle une augmentation inquiétante

Une étude approfondie sur la pêche illégale en Guyane française, publiée le 16 septembre 2024, révèle une situation préoccupante. Cette analyse, la plus complète depuis plus de trois décennies, met en lumière l'ampleur croissante de ce phénomène dans ce département d'outre-mer de 83 846 km².

L'étude, financée par l'État et menée conjointement par le comité des pêches, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) et le Fonds mondial pour la nature (WWF), s'appuie sur des données exhaustives. Fabian Blanchard, délégué régional de l'Ifremer, explique : « Nous avons analysé l'ensemble des informations de l'action de l'État en mer de 2019 à 2023, incluant les survols militaires, les procès-verbaux des contrôles en mer et les données satellitaires. »

Les résultats sont alarmants. Le rapport indique que le nombre de jours de mer des navires étrangers clandestins a doublé en une décennie. Entre 2009 et 2011, l'effort de pêche illégale dans la zone des 12 milles nautiques était en moyenne de 5 336 jours de mer par an. De 2019 à 2023, cette moyenne a grimpé à 10 914 jours de mer annuellement.

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Plus inquiétant encore, la production illégale surpasse largement la production légale. Selon les chercheurs, « la production des navires illégaux représenterait en moyenne entre 0,7 et 4 fois celle des navires légaux ». De plus, environ 75% des filets saisis dépassent la longueur réglementaire de 2,5 kilomètres autorisée pour les navires français.

Léonard Raghnauth, président du comité régional des pêches, souligne que ces chiffres sous-estiment probablement la réalité : « Le rapport ne prend pas en compte les bateaux clandestins cachés dans les mangroves, ceux qui opèrent de nuit, ni les filets aux mailles plus petites que la réglementation. »

L'impact de cette pêche illégale est particulièrement sévère sur les stocks d'acoupa rouge, une espèce très prisée en Amérique du Sud. La vessie natatoire de ce poisson, vendue plus de 150 euros le kilo au Suriname ou au Brésil, est exportée vers l'Asie où elle atteint des prix exorbitants en raison de ses supposées vertus médicinales.

Fabian Blanchard exprime son inquiétude : « Si la situation perdure, nous risquons de faire face à une surpêche et à un déclin significatif des stocks. » Cette situation rappelle l'effondrement des stocks de morue de l'Atlantique Nord, un exemple tristement célèbre des conséquences de la surpêche.

La lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) est un défi mondial, causant des pertes estimées entre 10 et 23 milliards de dollars par an. Dans le cas de la Guyane française, dont la zone économique exclusive s'étend sur 126 000 km², la coopération internationale avec les pays voisins comme le Brésil, le Suriname et le Guyana sera cruciale pour endiguer ce phénomène.

L'utilisation accrue de technologies satellitaires et le renforcement des moyens de surveillance semblent incontournables pour protéger les ressources marines de la Guyane française et préserver son économie locale, fortement dépendante de la pêche.

« Ce rapport est accablant. On savait qu'on était face à une surproduction de la pêche pirate sur notre territoire, mais cette étude le confirme. »

Léonard Raghnauth, président du comité régional des pêches