Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS appelle à retarder l'intervention à Saint-Louis

Le Front de libération national kanak et socialiste demande aux autorités de différer leur action dans la tribu de Saint-Louis, alors que la tension reste vive en Nouvelle-Calédonie. La crise, débutée en mai, a déjà fait 13 victimes.

29 septembre 2024, 10:56  •  17 vues

Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS appelle à retarder l'intervention à Saint-Louis

Le Front de libération national kanak et socialiste (FLNKS), mouvement indépendantiste fondé en 1984, a lancé un appel ce dimanche 29 septembre 2024 aux forces de l'ordre françaises. L'organisation demande de retarder leur intervention prévue dans la tribu de Saint-Louis, un bastion indépendantiste en Nouvelle-Calédonie. Cette requête survient dans un contexte de tensions persistantes sur ce territoire français d'outre-mer situé dans l'océan Pacifique, qui compte environ 270 000 habitants.

Le FLNKS souligne l'importance de laisser du temps aux médiateurs coutumiers, qui travaillent depuis deux semaines pour établir un dialogue avec les jeunes recherchés par les autorités. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir commis des actes répréhensibles depuis le 13 mai 2024, date marquant le début des troubles liés à un projet de réforme constitutionnelle, aujourd'hui suspendu.

Dans un communiqué, le FLNKS exprime ses inquiétudes quant à un possible "ultimatum" fixé par l'État pour une intervention armée le lundi 30 septembre. Le mouvement craint que cette action ne compromette les efforts de désescalade et ne conduise à de nouvelles violences.

"On ne peut plus attendre trop longtemps, la route doit être rouverte. Bien sûr nous prônons et recherchons par tous les moyens la reddition pour éviter d'autres pertes, mais c'est vraiment difficile"

Déclaration du général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie

Le général Nicolas Matthéos a confirmé la suspension temporaire des opérations en raison des funérailles de deux jeunes hommes tués par les forces de l'ordre le 19 septembre. Ces obsèques ont eu lieu ce dimanche à Saint-Louis, où une femme a été photographiée brandissant le drapeau kanak, symbole créé en 1984 pour représenter l'identité kanak et le mouvement indépendantiste.

La situation à Saint-Louis reste tendue. Depuis début août, les autorités ont instauré un double "verrou" limitant l'accès à la tribu, suite à des incidents impliquant des tirs sur les forces de l'ordre. La grande chefferie Négrah du Mont-Dore, où se situe Saint-Louis, a critiqué la disproportion des moyens employés, soulignant la mort de trois jeunes hommes en deux mois.

Cette crise s'inscrit dans un contexte plus large de débats sur l'avenir politique de la Nouvelle-Calédonie. Le territoire a connu trois référendums sur l'indépendance entre 2018 et 2021, reflétant la complexité de sa situation politique et sociale. Les Kanaks, qui représentent environ 40% de la population, jouent un rôle central dans ces discussions.

Le bilan de la crise actuelle est lourd : 13 morts, dont deux gendarmes, et des dégâts estimés à au moins deux milliards d'euros. Ces événements ont gravement affecté l'économie de l'archipel, qui repose en grande partie sur l'exploitation du nickel, représentant environ 25% des réserves mondiales connues.

La Nouvelle-Calédonie, avec son statut sui generis au sein de la République française, fait face à des défis uniques. Son système politique basé sur un gouvernement collégial, sa monnaie propre (le franc Pacifique), et sa riche biodiversité avec des espèces emblématiques comme le cagou, témoignent de sa singularité.

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Alors que les tensions persistent, le dialogue entre les différentes parties prenantes reste crucial pour l'avenir de ce territoire au patrimoine naturel exceptionnel, dont le lagon est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2008. La résolution de cette crise nécessitera une compréhension approfondie des enjeux historiques, culturels et économiques propres à la Nouvelle-Calédonie.