Nouméa : La crise du logement pousse les familles vers les squats

À Nouméa, la hausse du coût de la vie force de nombreuses familles à quitter les logements sociaux pour des squats. Cette précarité croissante alimente les tensions sociales en Nouvelle-Calédonie.

23 septembre 2024, 17:04  •  381 vues

Nouméa : La crise du logement pousse les familles vers les squats

Dans la capitale de la Nouvelle-Calédonie, Nouméa, une crise du logement sans précédent pousse de plus en plus de familles vers les squats. Cette situation alarmante met en lumière les défis socio-économiques auxquels est confronté ce territoire français d'outre-mer situé dans l'océan Pacifique.

La Nouvelle-Calédonie, connue pour son lagon exceptionnel et sa biodiversité unique, fait face à des difficultés croissantes en matière de logement abordable. Malgré ses richesses naturelles, notamment ses importantes ressources en nickel, l'archipel peine à offrir des conditions de vie décentes à une partie de sa population.

Le cas de Rose et Maurice (noms d'emprunt) illustre cette réalité. Il y a environ un an, cette famille a quitté son logement social pour s'installer dans le squat du Caillou bleu, à l'entrée de Nouméa. Rose explique :

"C'était devenu trop cher. Après avoir payé le loyer, l'eau, le courant et la nourriture... on n'avait plus rien."

Une résidente du squat témoigne

Cette situation n'est pas isolée. L'agglomération nouméenne compte officiellement 61 zones d'habitat précaire sur des terrains occupés illégalement. La hausse du coût de la vie est un facteur majeur de cette précarisation. Entre 2011 et 2023, les prix de l'alimentation ont augmenté de près de 25% en Nouvelle-Calédonie.

Le taux de pauvreté, qui atteignait 18,3% en 2019, était plus de deux fois supérieur à celui de la France métropolitaine. Cette disparité économique s'explique en partie par l'isolement géographique de l'archipel et sa dépendance aux importations.

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La situation est particulièrement préoccupante pour la jeunesse calédonienne. Seven, résident d'un squat depuis sept ans, souligne le lien entre cette précarité et les récents troubles sociaux :

"Pour moi, le 13 mai, c'est la jeunesse qui s'est réveillée et s'est rendu compte que ce mode de vie individualiste les empêche d'exprimer leur culture, d'exister et d'être pris en compte."

Un habitant de longue date d'un squat analyse

Ces tensions s'inscrivent dans un contexte plus large de questionnements sur l'avenir politique et économique de la Nouvelle-Calédonie. Le territoire, qui a connu plusieurs référendums sur son indépendance, cherche encore sa voie entre autonomie et intégration à la République française.

Face à ces défis, des initiatives locales émergent. L'association caritative "Solidarite RS" distribue de la nourriture aux habitants des quartiers défavorisés. Cependant, ces actions, bien que nécessaires, ne suffisent pas à résoudre les problèmes structurels.

La Nouvelle-Calédonie, riche de sa culture mélanésienne et de son histoire complexe, doit trouver des solutions durables pour garantir un logement décent à tous ses habitants. Cela passe par une réflexion globale sur le développement économique, la préservation de l'environnement et le respect des traditions locales.

L'avenir de ce territoire unique, avec sa barrière de corail exceptionnelle et ses espèces endémiques, dépendra de sa capacité à concilier progrès social et préservation de son patrimoine naturel et culturel.