Moscou prospère malgré les sanctions : un paradoxe russe

Malgré les sanctions occidentales, Moscou continue son développement, notamment dans les transports. Cette situation crée un paradoxe pour les Moscovites, tiraillés entre opposition au régime et vie quotidienne inchangée.

25 septembre 2024, 02:05  •  0 vues

Moscou prospère malgré les sanctions : un paradoxe russe

Dans le cœur de Moscou, à deux pas de la Place Rouge, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1990, un café symbolise le paradoxe russe actuel. Plus de deux ans et demi après le début de l'offensive en Ukraine, la capitale russe semble prospérer malgré les sanctions occidentales.

Un Moscovite anonyme, représentant la classe moyenne aisée, exprime ce dilemme : « Regardez Moscou et son métro en pleine expansion : sommes-nous dans une économie en crise, touchée par les sanctions ? Non ! » Cette déclaration illustre le tiraillement entre l'opposition au régime du Kremlin et une vie quotidienne apparemment inchangée.

Le développement rapide du réseau de transports en commun moscovite est un exemple frappant de cette situation paradoxale. Le 7 septembre 2024, la capitale a inauguré sa seizième ligne de métro, un projet moderne et ambitieux. Le président Vladimir Poutine lui-même a présidé l'ouverture, réaffirmant son message habituel : la Russie poursuit son développement malgré les sanctions occidentales.

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Le métro de Moscou, l'un des plus profonds au monde avec certaines stations à plus de 80 mètres sous terre, transporte quotidiennement environ 9 millions de passagers. Cette expansion continue malgré les restrictions financières et technologiques imposées par l'Union européenne et les États-Unis depuis février 2022.

Un intervenant européen dans la modernisation des infrastructures moscovites explique : « Le budget de la mairie n'est pas concerné par les sanctions. Il y a certes parfois des soucis de logistique, des délais plus longs et des coûts supérieurs. Mais le matériel importé arrive toujours ici, occidental et désormais chinois en partie. »

La Russie, le plus grand pays du monde couvrant 11 fuseaux horaires, a dû s'adapter rapidement. Les secteurs de la construction et des transports, comme toute l'économie russe, font face à des défis. Les serveurs informatiques, auparavant fournis par l'Occident, sont maintenant importés de « pays amis » tels que les ex-républiques soviétiques, la Chine, la Turquie ou l'Inde.

Pour contourner l'embargo occidental sur le gas-oil russe, Moscou a trouvé une solution ingénieuse en utilisant le Maroc comme point de transbordement avant une réexportation vers l'Europe. Cette adaptabilité rappelle l'esprit d'innovation qui a permis à la Russie de lancer le premier satellite artificiel, Spoutnik 1, en 1957.

La substitution des importations a stimulé la croissance économique russe. De nombreux équipements auparavant importés d'Europe ont été remplacés par des productions locales ou provenant de pays comme la Biélorussie. Cette situation rappelle l'époque où le rouble russe a été introduit comme monnaie nationale en 1704 par Pierre le Grand, marquant une période d'indépendance économique.

Malgré ces adaptations, aucun secteur n'a été épargné par les effets des sanctions. Cependant, la Russie, riche de ses ressources naturelles, dont les plus grandes réserves de gaz naturel au monde, continue de trouver des moyens de prospérer. Cette résilience économique contraste avec les défis géopolitiques auxquels le pays fait face, rappelant que la Russie possède toujours le plus grand arsenal nucléaire du monde.

Alors que le Transsibérien, la plus longue ligne de chemin de fer au monde, continue de relier Moscou à Vladivostok, symbolisant l'immensité et la diversité du pays, la capitale russe poursuit son développement. Le paradoxe entre la vie quotidienne apparemment normale et les tensions internationales persiste, créant une situation unique dans l'histoire moderne de la Russie.