Mona Chollet démystifie la culpabilisation dans son nouvel essai

L'essayiste Mona Chollet explore les origines et les effets néfastes de la culpabilisation dans son dernier ouvrage. Elle plaide pour une libération de cette voix intérieure tyrannique qui entrave notre épanouissement.

27 septembre 2024, 14:02  •  103 vues

Mona Chollet démystifie la culpabilisation dans son nouvel essai

Dans son dernier essai intitulé "Résister à la culpabilisation", Mona Chollet, journaliste et essayiste franco-suisse renommée, s'attaque à un phénomène psychologique omniprésent : la voix intérieure qui nous critique sans relâche. Née en 1973, Chollet est connue pour ses analyses perspicaces des phénomènes sociétaux, comme en témoigne le succès international de son livre "Sorcières" publié en 2018.

L'auteure, qui occupe le poste de rédactrice en chef adjointe du Monde diplomatique, explore les origines multiples de cette culpabilisation. Elle remonte jusqu'à la culture chrétienne, en particulier à l'influence de Saint Augustin, philosophe et théologien du 4e-5e siècle, qui a formalisé la doctrine du péché originel. Cette conception de l'être humain comme coupable dès sa naissance a profondément marqué notre psyché collective.

Chollet critique également la "diabolisation des enfants" qui persiste malgré l'émergence de l'éducation positive. Cette approche pédagogique basée sur la bienveillance, influencée par la théorie de l'attachement de John Bowlby, se heurte encore à des conceptions plus traditionnelles de l'éducation.

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L'essayiste s'attaque ensuite à la culture de la performance, souvent associée au néolibéralisme, qui pousse à l'autoexploitation et à la culpabilisation face au repos ou à la maladie. Elle souligne que le burn-out est désormais reconnu comme maladie professionnelle dans certains pays, témoignant de l'ampleur du problème.

Chollet aborde également la question de l'individualisme, un concept apparu au 19e siècle, qui tend à rendre chacun responsable de ses malheurs, occultant les causes systémiques. Elle critique par ailleurs la "pureté militante", qu'elle juge imprégnée d'un "ethos religieux", et qui peut mener à une surveillance excessive des comportements et des pensées.

"Je suis persuadée que la culpabilisation est un sentiment stérile, qu'elle ne produit rien de valable pour personne"

Mona Chollet affirme :

L'auteure plaide pour le droit au bonheur, même dans un monde en difficulté. Elle rejoint ainsi les préoccupations de la psychologie positive, fondée par Martin Seligman, qui se concentre sur le bien-être plutôt que sur les pathologies. Chollet met en garde contre la "toxic positivity", cet excès d'optimisme forcé qui peut être tout aussi néfaste que la culpabilisation.

En explorant ces thèmes, Mona Chollet s'inscrit dans la lignée des réflexions sur le "self-care" et le "slow living", des mouvements qui prônent un mode de vie plus conscient et bienveillant envers soi-même. Son essai invite à une prise de conscience des mécanismes de culpabilisation pour mieux s'en libérer, tout en reconnaissant la complexité des enjeux sociaux, comme le souligne la théorie de l'intersectionnalité.

Avec "Résister à la culpabilisation", Mona Chollet offre une analyse nuancée et enrichissante d'un phénomène souvent abordé par le développement personnel, un marché en pleine expansion depuis les années 2000. Elle propose ainsi une réflexion sociétale approfondie sur un sujet qui nous concerne tous, invitant chacun à repenser sa relation à soi-même et aux autres dans un monde en constante évolution.