McFly et Carlito renoncent aux vidéos d'alcool, révélant une crise réglementaire

Les youtubeurs McFly et Carlito cessent leurs vidéos de dégustation d'alcool, soulignant les lacunes de la régulation sur les réseaux sociaux. Un rapport d'Addictions France appelle à des mesures plus strictes.

27 septembre 2024, 10:20  •  28 vues

McFly et Carlito renoncent aux vidéos d'alcool, révélant une crise réglementaire

Dans une annonce surprenante, les célèbres youtubeurs McFly et Carlito ont déclaré mettre fin à leurs vidéos de dégustation d'alcool, suite à un rappel à la loi d'Addictions France. Cette décision intervient dans un contexte où les réseaux sociaux sont qualifiés de "nouveau Far West" pour la promotion de l'alcool.

"C'est quand même très justifié, surtout pour les jeunes qui nous regardent. Le message ne peut pas être 'picoler entre potes, c'est trop marrant'."

Carlito explique :

Cette prise de conscience coïncide avec la publication d'un rapport alarmant par Addictions France. L'étude, menée entre juin 2021 et janvier 2024, a identifié 11 300 contenus promotionnels liés à l'alcool sur des plateformes comme Instagram et TikTok, impliquant 802 marques et 483 influenceurs.

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Parmi les marques les plus actives, on trouve Ricard, fondée en 1932, Heineken, créée en 1864, Aperol, né en 1919, et le gin Bombay Sapphire, lancé en 1987. Ces entreprises s'associent souvent à des créateurs de contenu populaires pour promouvoir leurs produits.

La situation est particulièrement préoccupante pour les jeunes. Une étude de l'École des hautes études en santé publique révèle que 79% des 15-21 ans sont exposés hebdomadairement à des publicités pour l'alcool sur les réseaux sociaux. Cette réalité contraste avec l'esprit initial de la loi Evin de 1991, qui visait à restreindre la publicité pour l'alcool.

Malgré les modifications apportées en 2009 pour inclure Internet, et la récente loi de juin 2023 sur les influenceurs, la régulation reste insuffisante. Myriam Savy, directrice du plaidoyer pour Addictions France, appelle à "revenir à l'esprit d'origine de la loi Evin et interdire toute forme de publicité pour l'alcool sur les réseaux".

Les moyens de contrôle sont jugés inadéquats, avec seulement 15 agents chargés de surveiller 150 000 créateurs de contenu. De plus, les sanctions, plafonnées à 75 000 euros, sont considérées comme non dissuasives face aux budgets publicitaires colossaux des groupes industriels.

Cette situation soulève des questions cruciales sur l'adaptation de la législation à l'ère numérique et la protection de la santé publique, notamment celle des jeunes. Alors que la France compte environ 50 millions d'utilisateurs de réseaux sociaux en 2024, l'urgence d'une régulation efficace n'a jamais été aussi palpable.