Martinique et Réunion : la colère monte face à la vie chère

Les territoires d'outre-mer français font face à une nouvelle vague de protestations contre le coût élevé de la vie. Des négociations et des grèves sont en cours, ravivant un débat persistant sur les inégalités économiques.

26 septembre 2024, 18:33  •  126 vues

Martinique et Réunion : la colère monte face à la vie chère

La Martinique et La Réunion, deux départements et régions d'outre-mer français, sont actuellement le théâtre de manifestations contre le coût élevé de la vie. Ces mouvements de protestation mettent en lumière les défis économiques persistants auxquels sont confrontés les territoires ultramarins.

Le 21 septembre 2024, des citoyens se sont rassemblés devant un Carrefour à Le François, en Martinique, pour exprimer leur mécontentement face à l'augmentation des prix. Cette manifestation s'inscrit dans un contexte plus large de mobilisation, avec un troisième cycle de négociations sur les prix qui s'est tenu le 26 septembre 2024 entre les représentants locaux et le préfet, représentant de l'État.

Les syndicats, dont la CGT, ont rejoint le mouvement, appelant à une grève reconductible. Cette situation rappelle les événements de 2009, lorsqu'un mouvement social similaire s'était propagé des Antilles à La Réunion. Aujourd'hui, l'histoire semble se répéter, avec une intersyndicale réunionnaise (excluant la CFDT) annonçant une grève générale pour le 1er octobre 2024.

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Ces manifestations mettent en évidence les disparités économiques persistantes entre les territoires d'outre-mer et la France métropolitaine. Selon l'Insee, les prix à La Réunion sont supérieurs de 9% à ceux de la métropole, un écart qui s'est creusé depuis 2015. En Martinique, l'inflation a atteint 3,2% entre juin 2023 et juin 2024, aggravant la situation économique déjà précaire.

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe et ancien ministre socialiste des outre-mer, a appelé à une action gouvernementale plus décisive. Dans une lettre adressée au Premier ministre le 13 septembre 2024, il a proposé plusieurs mesures, notamment la régulation des coûts du transport maritime et la fin des monopoles sur les pièces détachées automobiles.

"Aucune rustine ne pourra durablement éteindre le sentiment d'injustice"

Victorin Lurel, sénateur de la Guadeloupe

Malgré les efforts législatifs passés, comme la loi de 2012 contre la vie chère, qui a introduit le bouclier qualité-prix et interdit les accords exclusifs d'importation, les résultats restent insuffisants. Les territoires d'outre-mer continuent de lutter contre ce que certains qualifient de "modèle d'économie de comptoir", héritage de leur histoire coloniale.

La situation économique actuelle, marquée par une inflation persistante et une augmentation du chômage, exacerbe les tensions. À La Réunion, tous les secteurs économiques sont touchés par un ralentissement de l'activité, et le nombre de dossiers de surendettement a augmenté de 16,9% en un an.

Ces défis économiques soulignent la nécessité d'une approche globale et durable pour résoudre les problèmes structurels des territoires d'outre-mer. Les manifestations actuelles ne sont qu'un symptôme d'un malaise plus profond, appelant à une réflexion sur le modèle économique et social de ces régions françaises éloignées géographiquement mais partie intégrante de la République.