L'UE assouplit la protection du loup, suscitant débat et controverse

L'Union européenne a voté pour réduire le niveau de protection du loup, facilitant son abattage. Cette décision, saluée par les éleveurs mais critiquée par les écologistes, marque un tournant dans la gestion de l'espèce.

25 septembre 2024, 14:36  •  47 vues

L'UE assouplit la protection du loup, suscitant débat et controverse

L'Union européenne (UE) a franchi une étape cruciale dans la modification du statut de protection du loup. Le 25 septembre 2024, les représentants permanents des États membres ont approuvé une proposition visant à reclasser le Canis lupus d'espèce "strictement protégée" à simplement "protégée". Cette décision, qui facilite les tirs contre ces prédateurs, a suscité des réactions contrastées.

La COPA-Cogeca, principale organisation européenne d'agriculteurs, a salué cette évolution comme "un grand pas en avant dans la gestion des populations de loups". À l'opposé, les associations de protection de la nature ont vivement critiqué cette mesure, la qualifiant de "scandaleuse" et de "jour honteux pour l'UE".

"Ce vote sape des décennies d'efforts et représente un revers important pour ce qui a été salué comme l'un des succès les plus remarquables de l'UE en matière de conservation de la faune sauvage : le retour du loup après une quasi-extinction"

Coalition d'organisations de protection de la nature

Cette initiative, lancée fin 2023 par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s'inscrit dans un contexte de débat intense sur les questions agricoles et environnementales. Les partisans de cette mesure justifient leur position par l'augmentation significative de la population de loups en Europe, passée d'environ 11 200 à 20 300 individus en une décennie.

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Il est important de noter que les loups jouent un rôle crucial dans l'écosystème. Ils contribuent au contrôle des populations de cerfs et d'élans, et leur réintroduction dans certaines régions a eu des effets positifs sur l'environnement. Cependant, leur présence soulève des inquiétudes parmi les éleveurs, en raison des risques de prédation sur le bétail.

Le processus de modification du statut du loup implique des changements dans la Convention de Berne, signée en 1979, et dans la directive européenne "Habitats", adoptée il y a 30 ans. Ces ajustements devraient être formalisés lors du Conseil de l'UE et soumis au comité permanent de la Convention de Berne début décembre 2024.

Cette décision intervient alors que les loups, autrefois chassés jusqu'à la quasi-extinction dans de nombreuses régions d'Europe au 19e siècle, ont progressivement recolonisé certains territoires. Ces prédateurs, capables de parcourir jusqu'à 50 km par jour à la recherche de nourriture, vivent en meutes de 6 à 10 individus en moyenne, avec une structure sociale hiérarchique complexe.

Malgré la controverse, il est essentiel de rappeler que les loups ont une importance culturelle et écologique significative. Leur rôle dans la mythologie et le folklore de nombreuses cultures, ainsi que leur contribution à la domestication des chiens il y a environ 15 000 ans, témoignent de leur relation complexe avec l'humanité.

La gestion future des populations de loups en Europe devra trouver un équilibre délicat entre la préservation de cette espèce emblématique et les préoccupations légitimes des communautés rurales et des éleveurs. Cette décision de l'UE marque un tournant dans cette quête d'équilibre, dont les conséquences seront observées attentivement dans les années à venir.