L'odyssée écologique de Félix Billey : un voyage minimaliste à vélo-kayak

Dans un monde où la vitesse et la consommation règnent, Félix Billey a choisi une voie différente. Ce jeune homme de 30 ans sillonne les routes de France depuis 2019 à bord d'une création unique : un véhicule hybride mi-vélo, mi-kayak. Cette invention, réalisée il y a cinq ans alors qu'il étudiait à l'École nationale supérieure des technologies et industries du bois à Épinal, incarne le rêve d'enfant de nombreux : un vélo capable de naviguer sur l'eau.

Le véhicule de Félix est un véritable chef-d'œuvre d'ingéniosité. Il se compose d'un vélo couché installé dans un kayak en bois, doté de roues munies de pales. Cette combinaison permet à Félix de passer aisément de la terre à l'eau, rappelant les premières bicyclettes flottantes brevetées en 1892. À l'arrière, il tracte un mini-habitacle de 2 mètres de long, construit à partir de matériaux recyclés tels que le bambou, le contreplaqué et le polystyrène. Cette "tiny house" mobile, inspirée d'un mouvement né dans les années 1990 aux États-Unis, comprend un matelas et un petit poêle faisant office de cuisinière.

La philosophie de vie de Félix se résume en une phrase : "J'habite en voyage". Parti de Besançon il y a cinq ans, il a parcouru plus de 3 000 kilomètres à travers diverses régions françaises, dont le Jura, les Vosges, la Savoie, et même la Suisse. Sa vitesse de croisière de 8 km/h, bien inférieure à la moyenne d'un cycliste sur route plate (20-25 km/h), l'oblige à emprunter des routes secondaires et des véloroutes comme la Loire à Vélo, qui s'étend sur plus de 900 km.

Félix voyage en compagnie d'une poule nommée Chépa 2, successeur de Chépa 1 malheureusement dévorée par un renard en Isère. Cette compagne à plumes, capable de vivre jusqu'à 10 ans, pond quotidiennement un œuf qui constitue parfois le seul repas de Félix lors des jours de disette.

"Se retrouver dans une situation de manque est une chance. On apprécie d'autant plus le 'pas grand-chose'."

Sans argent ni carte de crédit, Félix survit grâce à la générosité des personnes qu'il rencontre en chemin. Il ne demande jamais rien, mais accepte avec gratitude ce qu'on lui offre : de la nourriture, des invitations à dîner, ou même des repas au restaurant. Cette approche minimaliste lui permet de maintenir une empreinte carbone proche de zéro, bien loin de la moyenne française de 10 tonnes de CO2 par an.

L'aventure de Félix Billey nous rappelle que la liberté peut prendre des formes inattendues. Son voyage sans destination précise, guidé par le hasard et rythmé par la lenteur, offre une perspective rafraîchissante sur la vie moderne. Sans présence sur les réseaux sociaux, à l'exception d'un vieux téléphone avec un forfait minimal, Félix incarne un retour à l'essentiel, prouvant qu'il est possible de vivre pleinement avec peu.