L'héritage de Massoud : 23 ans après, l'Afghanistan sous l'ombre talibane

Il y a 23 ans, le 9 septembre 2001, Ahmed Chah Massoud, surnommé le Lion du Panchir, était assassiné. Cette date marque un tournant dans l'histoire de l'Afghanistan, pays qui se trouve aujourd'hui à nouveau sous le contrôle des talibans.

Massoud, né le 2 septembre 1953 à Bazarak, était bien plus qu'un simple chef militaire. Polyglotte parlant couramment le français, l'arabe et l'ourdou en plus de ses langues nationales, il incarnait une vision progressiste et démocratique pour l'Afghanistan. Son parcours, de ses études au prestigieux Lycée Esteqlal de Kaboul à son rôle de ministre de la Défense de 1992 à 1996, témoigne de son engagement pour son pays.

La lutte de Massoud contre l'extrémisme a commencé bien avant son assassinat. Dans les années 1990, alors que les talibans gagnaient du terrain, il défendait avec acharnement un Afghanistan libre et démocratique. Sa création du Front uni islamique et national pour le salut de l'Afghanistan en 1996 illustre sa détermination à résister à l'oppression.

L'héritage de Massoud dépasse les frontières de l'Afghanistan. Reconnu comme "Héros du monde libre" par le Parlement européen en 2022, son combat pour la dignité humaine continue d'inspirer des millions de personnes à travers le monde. Une place à Paris porte son nom depuis 2021, témoignant de l'impact international de son action.

Cependant, la situation actuelle en Afghanistan est alarmante. Depuis août 2021, les talibans ont repris le contrôle du pays, instaurant un régime de peur et de répression. Leur nouveau code juridique, "Amr bil Maroof wa Nahi an al-Munkar", restreint sévèrement les droits des femmes, interdisant leur accès à l'éducation, au travail et même à la mobilité sans chaperon masculin.

Cette réalité contraste fortement avec la vision de Massoud, fervent défenseur de l'éducation des femmes et de l'égalité des droits. Son fils, Ahmad Massoud, poursuit aujourd'hui son combat à la tête du Front national de résistance, maintenant vivante la flamme de la résistance allumée par son père.

"Le combat de mon père pour un Afghanistan libre et démocratique continue. Nous ne renoncerons jamais à ses idéaux de liberté et de justice pour tous les Afghans."

La commémoration de l'assassinat de Massoud n'est pas seulement un hommage au passé. C'est un rappel des défis actuels de l'Afghanistan et une invitation à la vigilance face aux menaces que font peser les talibans sur le peuple afghan et la sécurité mondiale.

L'héritage de Massoud, admirateur de Charles de Gaulle et de la Résistance française, reste une source d'inspiration pour ceux qui luttent contre l'oppression. Sa stratégie de guérilla efficace contre les forces soviétiques et sa survie à plusieurs tentatives d'assassinat avant sa mort tragique en 2001 témoignent de sa résilience.

Alors que l'Afghanistan traverse une période sombre, le souvenir de Massoud et de son combat pour la liberté demeure une lueur d'espoir. Son assassinat, survenu deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, marque la fin d'une époque mais pas celle de son influence. Chaque année, sa mémoire est honorée en Afghanistan et dans plusieurs pays du monde, rappelant que la lutte pour la liberté et la démocratie est un combat sans fin.