Les télécoms, grands oubliés du gouvernement Barnier ?

Le secteur des télécommunications s'inquiète de son absence dans l'organisation du nouveau gouvernement français. Cette situation soulève des questions sur la priorité accordée à ce domaine crucial.

24 septembre 2024, 16:30  •  27 vues

Les télécoms, grands oubliés du gouvernement Barnier ?

Le secteur des télécommunications en France, troisième marché en Europe, semble être le grand oublié du nouveau gouvernement de Michel Barnier. Depuis l'annonce de la composition de l'équipe ministérielle le 21 septembre 2024, l'industrie des télécoms s'interroge sur sa place dans l'organigramme gouvernemental.

Contrairement aux précédentes administrations, aucun ministre délégué ou secrétaire d'État n'est spécifiquement chargé des télécommunications. Cette absence marque une rupture avec la tradition récente, où des personnalités comme Jean-Noël Barrot et Cédric O occupaient des postes dédiés à ce secteur stratégique.

Cette situation n'est pas sans précédent, car les télécoms ont parfois disparu des intitulés ministériels par le passé. Cependant, le gouvernement Barnier semble avoir franchi un cap en séparant clairement le numérique des télécommunications. Clara Chappaz, nouvelle secrétaire d'État à l'intelligence artificielle et au numérique, ne s'occupera que du volet numérique, laissant les télécoms dans un flou administratif.

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Le secteur des télécommunications, qui représente environ 2% du PIB français et emploie plus de 120 000 personnes, reste théoriquement rattaché au ministère de l'Économie. Il pourrait relever des attributions de Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie, mais aucune confirmation officielle n'a été donnée à ce jour.

Cette incertitude suscite l'inquiétude des acteurs du secteur. Un dirigeant d'opérateur télécoms, sous couvert d'anonymat, s'interroge : "Le secteur aura-t-il ne serait-ce qu'un conseiller technique attitré au sein du cabinet ?"

Les associations professionnelles et d'élus ont exprimé leur étonnement face à cette situation. Dans un communiqué commun, InfraNum, l'Avicca et la FNCCR ont déclaré :

"Face aux grands enjeux d'inclusion, de compétitivité et de pérennité, la filière s'étonne de la portion congrue accordée au numérique et de l'absence de prise en compte du sujet télécommunications, dont le nouveau gouvernement ne semble pas faire une priorité."

Réaction des associations du secteur

Cette réorganisation intervient à un moment crucial pour le secteur. La France, pionnière dans de nombreuses technologies de télécommunication, fait face à des défis majeurs. Le déploiement de la 5G, lancé en novembre 2020, se poursuit, tandis que le plan France Très Haut Débit vise à couvrir 100% du territoire en très haut débit d'ici 2025.

L'importance des télécommunications ne peut être sous-estimée. La France compte plus de 70 millions d'abonnements mobiles en 2024, et la fibre optique couvre plus de 70% des foyers. Le pays se classe au 7ème rang mondial en termes de vitesse moyenne de connexion Internet, témoignant de l'importance de ce secteur pour la compétitivité nationale.

L'histoire des télécoms en France est riche d'innovations, depuis la première ligne télégraphique en 1794 jusqu'au lancement du premier satellite de télécommunications français, Astérix, en 1965. Le pays a été à l'avant-garde de nombreuses avancées technologiques, comme le Minitel dans les années 1980 et l'adoption précoce de la technologie GSM en 1992.

Alors que la France se positionne comme un leader dans le domaine de l'intelligence artificielle, ayant accueilli le premier sommet mondial sur l'IA en 2018, la question de l'intégration des télécoms dans cette stratégie numérique globale reste en suspens.

L'ARCEP, l'autorité de régulation des communications électroniques, continuera sans doute à jouer un rôle crucial dans la supervision du secteur. Cependant, l'absence d'un interlocuteur gouvernemental clairement identifié pourrait compliquer les discussions sur les enjeux futurs des télécommunications en France.