Le RN intensifie sa pression sur le nouveau gouvernement Barnier

Le Rassemblement national, fort de ses 126 députés, critique le gouvernement Barnier tout en cherchant à influencer ses politiques. Une stratégie visant à légitimer son programme et accroître son influence.

22 septembre 2024, 16:07  •  1006 vues

Le RN intensifie sa pression sur le nouveau gouvernement Barnier

Le Rassemblement national (RN), parti fondé en 1972 et dirigé par Marine Le Pen depuis 2011, a rapidement exprimé son mécontentement envers le nouveau gouvernement français. Avec ses 126 députés, une augmentation significative par rapport aux 89 sièges obtenus en 2022, le parti d'extrême droite se trouve dans une position de force inédite.

Sébastien Chenu, président délégué du groupe RN à l'Assemblée nationale, a qualifié le gouvernement de "plat avarié" sur le réseau social X le 19 septembre 2024. Cette critique acerbe illustre la stratégie du parti visant à exercer une pression constante sur l'exécutif.

Le Premier ministre Michel Barnier, ancien commissaire européen de 2010 à 2014 et de 2016 à 2019, fait face à un défi de taille. Pour éviter une motion de censure, il devra satisfaire certaines exigences du RN, notamment en matière de fiscalité et d'immigration.

Image

Le RN compte profiter de chaque opportunité, à commencer par la déclaration de politique générale prévue le 1er octobre 2024, pour promouvoir ses idées. Parmi les propositions du parti figurent la baisse de la TVA sur l'énergie, la réforme de l'Aide Médicale d'État (AME) en place depuis 2000, et l'augmentation du budget dédié à l'expulsion des étrangers en situation irrégulière.

"On va essayer d'en tirer un maximum sur les questions d'immigration et de sécurité : plus [Michel Barnier] donnera des gages, plus on le laissera durer. On veut capitaliser un maximum sur ses déclarations, le forcer à légitimer notre discours."

Un député RN de la Somme déclare :

Cette stratégie s'inscrit dans un contexte de "tripolarisation" de l'Assemblée nationale, résultant des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Le RN, qui a changé son nom de Front National en 2018, cherche à tirer parti de cette situation pour accroître son influence politique.

Marine Le Pen, qui a cédé la présidence du parti à Jordan Bardella en 2022, vise à légitimer son programme et à renforcer sa position en vue de futures échéances électorales. Le RN semble prêt à soutenir temporairement le gouvernement tant que celui-ci servira ses intérêts politiques.

La formation du gouvernement Barnier, qui exclut des figures comme Xavier Bertrand, Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, considérés comme "irrespectueux" par le RN, témoigne déjà de l'influence croissante du parti d'extrême droite sur la scène politique française.