Le Kenya exporte sa main-d'œuvre : 3000 chauffeurs vers l'Allemagne

Le Kenya envoie 3000 chauffeurs de bus en Allemagne, illustrant sa politique d'exportation de main-d'œuvre. Cette stratégie vise à réduire le chômage et à augmenter les transferts de fonds, mais soulève des inquiétudes.

24 septembre 2024, 12:45  •  86 vues

Le Kenya exporte sa main-d'œuvre : 3000 chauffeurs vers l'Allemagne

Le Kenya, pays d'Afrique de l'Est comptant environ 55 millions d'habitants, a récemment annoncé l'envoi de 3000 chauffeurs de bus en Allemagne. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une politique plus large d'exportation de main-d'œuvre mise en place par le président William Ruto.

L'annonce a été faite le 12 septembre 2024 par Stella Mokaya, l'ambassadrice du Kenya à Berlin. Les chauffeurs seront employés par Aktiv Bus Flensburg, une société de transport opérant à Flensbourg, une ville de 100 000 habitants située dans le land de Schleswig-Holstein, à la frontière avec le Danemark.

Cette initiative intervient alors que l'Allemagne, qui compte environ 83 millions d'habitants, fait face à un vieillissement démographique important et à une pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs clés. Le pays, qui possède la plus grande économie de l'Union européenne, est connu pour son système de formation professionnelle dual réputé et sa forte tradition syndicale.

Lors de sa visite en Allemagne les 13 et 14 septembre 2024, le président William Ruto a annoncé que 250 000 emplois étaient sécurisés pour les jeunes diplômés kényans. Cependant, cette déclaration a été contredite par le ministre allemand de l'intérieur, qui a précisé qu'un accord avait été signé mais sans quota spécifique.

Cette politique d'exportation de main-d'œuvre est une réponse au chômage endémique au Kenya, où environ 35% des jeunes sont sans emploi. Le pays, qui a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1963, possède une population très jeune avec une médiane d'âge d'environ 20 ans.

"La main-d'œuvre du Kenya est notre plus grande ressource. Elle est bien formée et travailleuse. Même si nous investissons dans des secteurs qui créeront des emplois dans le pays, les opportunités offertes aux Kényans à l'étranger constituent un autre moyen d'élever nos jeunes."

William Ruto, président du Kenya

Outre l'Allemagne, le Kenya a conclu des accords similaires avec plusieurs pays du Golfe Persique et le Canada. En mai 2023, un accord portant sur des emplois dans le secteur de la santé a été signé avec le Canada.

Cette stratégie présente des avantages économiques significatifs. En 2023, la diaspora kényane a envoyé 671 milliards de shillings (environ 3,8 milliards d'euros) au pays. Ces transferts de fonds sont cruciaux pour l'économie kényane, qui est la plus importante d'Afrique de l'Est mais qui lutte également pour rembourser ses dettes auprès des bailleurs de fonds internationaux.

Cependant, cette politique soulève des inquiétudes. Certains analystes, comme Njahira Gitahi, craignent que l'exportation massive de main-d'œuvre ne prive le Kenya de ses forces vives, compromettant ainsi le développement à long terme du pays.

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Il est important de noter que le Kenya, membre du Commonwealth des Nations, est confronté à d'autres défis majeurs, notamment le changement climatique et la sécheresse. Le pays est également connu pour ses parcs nationaux, sa faune sauvage, et est un important exportateur de thé et de fleurs coupées.

Alors que le Kenya poursuit cette stratégie d'exportation de main-d'œuvre, il reste à voir comment le pays équilibrera les avantages économiques à court terme avec les potentiels impacts à long terme sur son développement national.