Le gouvernement Barnier : un virage à droite symbolique

Le nouveau cabinet de Michel Barnier, nommé le 21 septembre, marque un tournant à droite tout en conservant des éléments du macronisme. La composition reflète une volonté de rapprochement avec les territoires.

22 septembre 2024, 16:00  •  1023 vues

Le gouvernement Barnier : un virage à droite symbolique

Le 21 septembre 2024, le Premier ministre Michel Barnier a dévoilé la composition de son nouveau gouvernement, marquant un virage significatif vers la droite tout en conservant certains éléments du macronisme. Cette formation gouvernementale, considérée comme la plus conservatrice depuis plus d'une décennie, présente une symbolique forte et une réorganisation notable des portefeuilles ministériels.

Au cœur de cette nouvelle équipe, la nomination de Didier Migaud au poste de ministre de la Justice attire particulièrement l'attention. Ancien député socialiste de 1988 à 2010 et actuel président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, Migaud occupe la première place dans l'ordre protocolaire, une position rarement attribuée au garde des Sceaux. Cette décision rappelle les gouvernements de droite de Jacques Chirac (1986-1988) et d'Alain Juppé (1995-1997).

"Même si Didier Migaud a prouvé son dévouement au service public, que la justice est quelque chose d'important, c'est vrai que la ficelle de communication est un peu grosse"

Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CNRS et au Cevipof

Le politologue Bruno Cautrès voit dans cette composition un "alliage entre macronisme résiliant et une droite ressuscitée", avec des mots-clés caractéristiques tels que "simplification administrative" et "accès aux soins" pour les uns, et "territoires" pour les autres.

Un changement majeur concerne le ministère du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation, confié à Catherine Vautrin (Renaissance). Ce portefeuille, deuxième dans l'ordre protocolaire, gagne en importance et intègre de nouvelles attributions, notamment les transports et le commerce, traditionnellement rattachés à d'autres ministères.

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La composition du gouvernement reflète également une volonté de rapprochement avec les territoires, avec l'entrée de neuf sénateurs, issus de la "chambre des collectivités". Cette orientation fait suite à sept années de gouvernements macronistes perçus comme déconnectés des réalités locales.

Dans le domaine économique, des changements notables sont à souligner. Le ministère de l'Économie, dirigé par Antoine Armand (Renaissance), perd le portefeuille de l'énergie au profit de la Transition écologique. Plus significativement, le budget passe sous l'autorité directe du Premier ministre Michel Barnier, une première depuis Raymond Barre dans les années 1970.

Cette réorganisation gouvernementale intervient dans un contexte politique complexe, où la France cherche à concilier les défis économiques, environnementaux et sociaux. Le nouveau cabinet Barnier devra démontrer sa capacité à naviguer entre les attentes diverses de la population et les impératifs de gouvernance dans un paysage politique en mutation.