Le CPF en France : maturité et défis de démocratisation

Le Compte Personnel de Formation atteint sa maturité en France, mais fait face à des défis de démocratisation. Les nouvelles mesures de régulation soulèvent des questions sur l'accès équitable à la formation continue.

26 septembre 2024, 12:33  •  0 vues

Le CPF en France : maturité et défis de démocratisation

Le Compte Personnel de Formation (CPF) en France, créé en 2014 et mis en œuvre en 2015, a atteint une phase de maturité selon Gwenola Martin-Gonzalez, directrice de la formation professionnelle à la Caisse des dépôts. Avec 1,09 million de dossiers validés au 8 septembre 2024, le dispositif semble se stabiliser à un niveau comparable à celui de 2023.

Le CPF, qui a remplacé le Droit Individuel à la Formation, permet aux salariés de gérer leur formation professionnelle de manière autonome. Ce système vise à démocratiser l'accès à la formation continue, un objectif qui semble avoir été atteint dans une certaine mesure, avec une augmentation notable de la participation des chômeurs et des non-cadres au cours des six dernières années.

Cependant, des mesures de régulation récentes soulèvent des questions quant à l'équité d'accès. Depuis le 2 mai 2024, une participation forfaitaire de 100 euros a été instaurée pour tous les demandeurs, à l'exception des chômeurs. Cette décision, ainsi que les restrictions sur le financement du permis de conduire, visent à ancrer l'utilisation du CPF dans une démarche réfléchie et professionnelle.

"Ces nouvelles règles visent à ancrer l'usage du CPF dans un acte réfléchi et dans le cadre d'un projet professionnel"

Gwenola Martin-Gonzalez explique :

Ces changements ont eu un impact immédiat, provoquant un pic de demandes juste avant leur mise en œuvre, suivi d'une baisse brutale en mai. Les données récentes montrent un léger recul de la participation des personnes sans diplôme et des non-cadres, soulevant des inquiétudes quant à un possible effet d'éviction des salariés modestes.

Michel Barabel, directeur de l'Executive Master RH de Sciences Po, estime que cette baisse pourrait atteindre 10% en 2025 par rapport à 2023. Il souligne que pour certains, comme les smicards à temps partiel, la participation de 100 euros peut représenter une part significative de leur revenu.

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Le CPF, plafonné à 5000 euros pour un salarié à temps plein ou à mi-temps, offre une flexibilité importante en permettant de conserver les droits acquis même en cas de changement d'employeur ou de perte d'emploi. Cependant, l'équilibre entre la préservation des finances publiques et la démocratisation de l'accès à la formation reste un défi.

L'impact des Jeux olympiques de Paris 2024 et des incertitudes politiques sur la demande de formation ajoute une couche de complexité à l'analyse de l'évolution du CPF. Alors que le dispositif continue d'évoluer, il sera crucial de surveiller son efficacité à long terme dans la promotion de l'apprentissage tout au long de la vie pour tous les travailleurs français.