La Finul face aux tensions croissantes à la frontière israélo-libanaise

Les forces de la Finul, dont le contingent français, font face à une escalade des tensions entre Israël et le Hezbollah. La situation sécuritaire se dégrade, mettant à l'épreuve la mission de maintien de la paix.

21 septembre 2024, 15:17  •  4094 vues

La Finul face aux tensions croissantes à la frontière israélo-libanaise

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) se trouve confrontée à une situation de plus en plus tendue à la frontière israélo-libanaise. Le contingent français, fort de 600 hommes stationnés à la base de Deir Kifa, joue un rôle crucial dans cette mission de maintien de la paix.

Le 20 septembre 2024, le niveau d'alerte a été relevé et les patrouilles le long de la frontière ont été suspendues. Cette décision fait suite à des avertissements israéliens concernant de possibles opérations en territoire libanais. Le lieutenant Guillaume, commandant une unité du 1er régiment de spahis de Valence, explique : « Il y a des patrouilles annulées une à deux fois par mois, cela dépend des périodes. Mais, en général, notre mission est peu affectée par la tension qui peut résulter des escalades. »

La Finul, créée en 1978, opère dans une zone d'environ 1060 km² au sud du Liban, équivalente à deux départements français. Elle compte 10 000 hommes de 40 nationalités différentes, dont le mandat a été renforcé par la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU en 2006, après la guerre entre Israël et le Hezbollah.

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L'intensification des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah a été particulièrement notable ces derniers jours. Le colonel Maurin, commandant de la Force Commander Reserve (FCR) de la Finul, souligne : « Depuis quinze jours, on percevait une intensification du niveau des coups, de la violence, et cela porte en germe le risque de dérapage et de perte de contrôle. Cette semaine, le volume de feu que nous avons détecté a doublé voire triplé, et on a à peu près le même ordre de grandeur pour les frappes aériennes. »

Le contingent français, avec ses 700 hommes, dispose de capacités uniques au sein de la Finul, notamment grâce à des radars Cobra pour la surveillance de l'espace aérien. Cette force de réaction rapide joue un rôle crucial dans la mission d'interposition prévue par la résolution 1701.

La Finul collabore étroitement avec les Forces armées libanaises et a mis en place un mécanisme de liaison tripartite avec les armées libanaise et israélienne. Elle dispose également d'une composante maritime pour patrouiller les eaux territoriales libanaises et mène des activités de déminage le long de la Ligne bleue.

Malgré les défis croissants, la Finul poursuit sa mission, qui inclut aussi un volet d'assistance humanitaire aux populations locales. Son budget annuel d'environ 480 millions de dollars témoigne de l'importance accordée à cette mission par la communauté internationale.

La situation actuelle met en lumière la complexité et les risques inhérents à cette mission de maintien de la paix, dont le mandat est renouvelé annuellement par le Conseil de sécurité de l'ONU. Les Casques bleus de la Finul, autorisés à utiliser la force en cas de légitime défense, restent vigilants face à l'évolution de la situation sécuritaire dans la région.