La Côte d'Ivoire, leader africain en égalité des genres malgré des défis persistants

La Côte d'Ivoire se distingue comme le meilleur pays africain en matière d'égalité des genres selon l'OCDE. Cependant, des défis subsistent, notamment dans l'application des lois et la lutte contre les violences basées sur le genre.

24 septembre 2024, 09:41  •  17 vues

La Côte d'Ivoire, leader africain en égalité des genres malgré des défis persistants

La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a récemment fait l'objet d'une reconnaissance internationale pour ses efforts en matière d'égalité des genres. Selon le rapport SIGI 2023 de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), le pays se classe en tête du continent africain dans la lutte contre les discriminations envers les femmes.

Le 13 septembre 2024, le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, a annoncé fièrement que la Côte d'Ivoire avait obtenu un score de 17,3 sur l'indicateur "Institutions sociales et égalité des genres" (SIGI), une nette amélioration par rapport au score de 42,8 en 2019. Cette performance place le pays devant des nations comme le Rwanda, l'Afrique du Sud et même le Canada.

Ce progrès significatif est attribué à plusieurs facteurs :

  • Le renforcement des capacités économiques des femmes
  • L'adoption de nouvelles lois favorisant les droits des femmes
  • Des avancées dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG)

Cependant, malgré ces avancées, des défis persistent. Le 11 septembre 2024, le corps démembré d'Emmanuella Y., une influenceuse de 19 ans, a été découvert à Abidjan, soulignant la réalité brutale des violences envers les femmes. Bénédicte Otokoré, de la Ligue ivoirienne des droits des femmes, souligne que c'était le quatrième féminicide répertorié depuis le début du mois.

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La Côte d'Ivoire a réalisé des progrès législatifs significatifs ces dernières années. En 2019, le code de la famille a été réformé, harmonisant l'âge légal du mariage à 18 ans pour tous et accordant aux mères la même autorité parentale que les pères. Une loi sur les violences domestiques et le viol a été adoptée en 2021, renforçant la protection des victimes de VBG.

Malgré ces avancées, des défis persistent. Les mutilations génitales féminines, bien qu'interdites depuis 1988, concerneraient encore 37% des Ivoiriennes. Le ministère de la Femme reconnaît que la persistance de stéréotypes culturels entrave les progrès et met en place des campagnes de sensibilisation pour y remédier.

Il est important de noter que la Côte d'Ivoire a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes en 1995 et a adopté une loi sur la parité hommes-femmes en politique en 2019. Le pays a également créé un Observatoire National de l'Équité et du Genre en 2017, démontrant son engagement continu envers l'égalité des genres.

L'OCDE, tout en saluant les progrès de la Côte d'Ivoire, recommande de renforcer les actions pour endiguer les VBG et favoriser l'autonomie reproductive des femmes. L'application effective des lois reste un défi majeur à relever.

"Notre singularité est de coupler les questions de genre aux enjeux de développement économique et durable"

Euphrasie Kouassi Yao, conseillère du Premier ministre chargée du genre

La Côte d'Ivoire, qui vise à devenir une économie émergente d'ici 2030, s'est fixé l'objectif ambitieux d'éliminer toutes les formes de discriminations et de violences envers les femmes d'ici la même date, conformément aux objectifs de développement durable de l'ONU. Avec un taux d'alphabétisation des femmes d'environ 47% contre 63% pour les hommes, le chemin vers une véritable égalité reste long, mais les progrès réalisés jusqu'à présent sont encourageants.