La cohabitation tardive : un phénomène croissant chez les jeunes Français

Le nombre d'adultes vivant chez leurs parents en France a augmenté de 250 000 entre 2013 et 2020. Cette tendance révèle une crise du logement persistante chez les jeunes, exacerbée par des facteurs économiques et démographiques.

24 septembre 2024, 03:03  •  213 vues

La cohabitation tardive : un phénomène croissant chez les jeunes Français

La cohabitation prolongée avec les parents est devenue une réalité pour de nombreux jeunes Français. Aymeric, 25 ans, illustre parfaitement cette tendance. Diplômé et employé depuis trois ans, il réside toujours dans la maison familiale en banlieue parisienne.

Cette situation, qu'Aymeric qualifie de "nécessité" et de "choix", reflète les défis auxquels sont confrontés les jeunes adultes en France. Les loyers élevés et la précarité de l'emploi sont des facteurs déterminants. En effet, le coût du logement représente en moyenne 30% du budget des ménages français, un fardeau particulièrement lourd pour les jeunes en début de carrière.

Une étude récente de la Fondation Abbé Pierre révèle une augmentation significative du nombre d'adultes vivant chez leurs parents. Entre 2013 et 2020, ce chiffre est passé de 4 674 000 à 4 920 000, soit une hausse d'environ 250 000 personnes. Cette tendance touche principalement les 18-24 ans, mais aussi les 25-34 ans.

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Il est important de noter que ce phénomène n'est pas uniquement lié à la situation économique. L'arrivée à l'âge adulte de la génération née autour de l'an 2000 a également contribué à cette augmentation. Cependant, Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, souligne que la proportion de "Tanguy" reste relativement stable.

Le terme "Tanguy", inspiré du film éponyme d'Etienne Chatiliez sorti en 2001, est entré dans le langage courant pour désigner ces jeunes adultes qui tardent à quitter le nid familial. Ce phénomène, également connu sous le nom d'"adulescence", décrit la période prolongée entre l'adolescence et l'âge adulte, de plus en plus fréquente dans notre société.

La situation d'Aymeric n'est pas isolée. Une étude de l'Insee datant de 2018 révélait déjà que 46% des 18-29 ans habitaient tout ou partie de l'année chez leurs parents. Cette réalité s'explique par divers facteurs, notamment :

  • Le taux de chômage élevé chez les jeunes
  • La précarité de l'emploi (CDD, intérim)
  • L'insuffisance de logements sociaux
  • La hausse des loyers, particulièrement dans les zones urbaines

Face à cette situation, Manuel Domergue critique l'inaction des pouvoirs publics :

"Ces données récentes mettent en lumière la gravité de la crise du logement chez les jeunes, autant que l'imprévoyance inexcusable des pouvoirs publics, qui savaient que la vague allait arriver et n'ont pas lancé de vraie politique du logement des jeunes pour la contenir."

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre

Malgré des initiatives comme la loi ALUR de 2014 ou la garantie Visale, les mesures prises semblent insuffisantes pour répondre à l'ampleur du problème. La crise du logement chez les jeunes reste un défi majeur pour la société française, nécessitant des solutions innovantes et durables.