La Chine domine le marché russe : un partenariat économique déséquilibré

Les entreprises chinoises, notamment automobiles, dominent désormais le classement Forbes des plus grandes entreprises étrangères en Russie. Cette situation reflète la dépendance croissante de Moscou envers Pékin.

25 septembre 2024, 14:03  •  13 vues

La Chine domine le marché russe : un partenariat économique déséquilibré

Dans le paysage économique russe, une transformation majeure s'est opérée depuis le début de l'invasion de l'Ukraine il y a près de deux ans et demi. Les entreprises chinoises ont pris d'assaut le marché russe, profitant du vide laissé par le départ des sociétés occidentales suite aux sanctions.

Le dernier classement Forbes des 50 plus grandes entreprises étrangères en Russie illustre parfaitement cette tendance. Chery, le constructeur automobile chinois fondé en 1997, occupe désormais la première place. Son chiffre d'affaires en Russie a quadruplé en 2023, atteignant 590 milliards de roubles (environ 5,8 milliards d'euros) grâce à la vente de quelque 220 000 véhicules.

Cette domination chinoise s'étend bien au-delà de l'automobile. Des entreprises comme Hisense (électroménager et électronique) et CRCC (construction) figurent également dans ce top 50. Il y a seulement deux ans, Huawei était la seule entreprise chinoise présente dans ce classement.

Les rues des villes russes témoignent de ce changement. Les marques Chery, Haval et Geely ont largement remplacé les constructeurs occidentaux pour les particuliers et les services de taxi. Cependant, les modèles de Renault, Chevrolet, Volkswagen, Nissan, Kia et Hyundai restent encore visibles dans le trafic.

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Cette évolution s'inscrit dans un contexte plus large de rapprochement entre Moscou et Pékin. Les échanges commerciaux entre la Russie et la Chine ont atteint un niveau record de 240 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de plus de 30% par rapport à l'année précédente. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de la Russie en 2022, profitant du vide laissé par les sanctions occidentales.

Un projet emblématique de cette coopération est le gazoduc "Force de Sibérie 2". Cette infrastructure ambitieuse vise à fournir 50 milliards de mètres cubes de gaz russe à la Chine, un volume initialement destiné à l'Europe. Cependant, ce projet reste hypothétique et illustre le déséquilibre croissant dans les relations économiques entre les deux pays.

La dépendance de la Russie envers la Chine s'accentue. En 2023, la moitié des exportations de pétrole et de produits pétroliers russes ont été destinées à la Chine, faisant de la Russie le premier fournisseur de pétrole du géant asiatique. Cette réorientation de l'économie russe vers l'Est comporte des risques, notamment celui de se retrouver en position de faiblesse face à son puissant voisin.

Le prochain sommet des BRICS, prévu du 22 au 24 octobre 2024 à Kazan, sera l'occasion pour Vladimir Poutine et Xi Jinping de réaffirmer leur partenariat. Cependant, derrière les discours d'amitié et de coopération, se dessine une réalité économique complexe où la Russie semble perdre progressivement son autonomie au profit de la Chine.