Japon : Iwao Hakamada acquitté après 46 ans dans le couloir de la mort

Après un long combat judiciaire, Iwao Hakamada, 88 ans, a été acquitté du meurtre de quatre personnes en 1966. Cette affaire soulève des questions sur le système judiciaire japonais et la peine de mort.

26 septembre 2024, 08:57  •  0 vues

Japon : Iwao Hakamada acquitté après 46 ans dans le couloir de la mort

Dans une décision historique, Iwao Hakamada, un Japonais de 88 ans, a été acquitté le 26 septembre 2024 par le tribunal de Shizuoka, mettant fin à une saga judiciaire de près de six décennies. Condamné à mort en 1968 pour le meurtre de quatre personnes, Hakamada a passé 46 ans dans le couloir de la mort, un record mondial.

L'affaire remonte au 30 juin 1966, lorsque Hakamada, ancien boxeur devenu employé dans une fabrique de miso, est accusé d'avoir assassiné son patron et sa famille. Arrêté en août 1966, il est condamné à la peine capitale deux ans plus tard. Cependant, des doutes sur sa culpabilité ont persisté au fil des années.

Le système judiciaire japonais, connu pour son taux de condamnation de plus de 99%, a été remis en question dans cette affaire. Le juge a critiqué les méthodes d'enquête, qualifiant l'interrogatoire d'Hakamada d'« inhumain » et révélant que des preuves avaient été fabriquées. Cette affaire met en lumière le système controversé de "daiyo kangoku", permettant la détention prolongée des suspects sans inculpation.

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"Le tribunal a déterminé que trois éléments de preuve avaient été fabriqués suggérant que l'accusé était l'auteur du crime. En excluant ces éléments, les autres éléments à charge ne suffisent pas à établir qu'il est l'auteur."

Déclaration du juge lors de l'acquittement

Cette affaire est devenue emblématique pour les opposants à la peine de mort au Japon. Bien que le soutien public à la peine capitale reste élevé, autour de 80%, le mouvement abolitionniste gagne lentement du terrain. Le Japon, seul pays du G7 avec les États-Unis à maintenir cette pratique, est critiqué par des organisations internationales pour son approche de la peine de mort.

Les conditions de détention des condamnés à mort au Japon sont particulièrement sévères. Les cellules sont petites et austères, l'accès aux visiteurs et aux activités est limité, et les détenus n'ont pas le droit de regarder la télévision ou d'écouter la radio. De plus, les condamnés sont souvent avertis de leur exécution seulement quelques heures avant, une pratique considérée comme cruelle par de nombreux observateurs.

L'acquittement d'Hakamada soulève des questions sur la fiabilité du système judiciaire japonais et la nécessité de réformes. Bien que le Japon ait un des taux de criminalité les plus bas au monde, des cas comme celui-ci mettent en évidence les failles potentielles du système.

La sœur d'Hakamada, Hideko, âgée de 91 ans, a été le fer de lance du combat pour sa libération. Elle a déclaré : "Nous avons mené une bataille qui semblait sans fin pendant si longtemps." L'état psychologique d'Hakamada reste préoccupant après des décennies d'isolement et d'incertitude quotidienne.

Alors que cette affaire se clôt, elle laisse une empreinte indélébile sur le débat concernant la peine de mort au Japon. Elle souligne la nécessité d'un examen approfondi des pratiques judiciaires et pénitentiaires dans un pays qui, malgré sa modernité, maintient des traditions controversées en matière de justice pénale.