Grève massive chez Samsung en Inde : un défi pour l'ambition industrielle du pays

Des ouvriers de Samsung en Inde font grève pour la reconnaissance syndicale et de meilleures conditions. Ce mouvement soulève des inquiétudes sur l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.

23 septembre 2024, 10:43  •  183 vues

Grève massive chez Samsung en Inde : un défi pour l'ambition industrielle du pays

Dans une situation sans précédent, environ un millier d'ouvriers de l'usine Samsung à Sriperumbudur, près de Chennai dans l'État du Tamil Nadu, sont en grève depuis le 9 septembre 2024. Cette mobilisation massive met en lumière les défis auxquels l'Inde est confrontée dans sa quête pour devenir un hub manufacturier mondial.

Les grévistes réclament la reconnaissance officielle de leur syndicat nouvellement formé, le Samsung India Labour Welfare Union (Silwu), ainsi qu'une augmentation des salaires et de meilleures conditions de travail. Cette usine, qui produit des réfrigérateurs, des machines à laver et des téléviseurs, représente un tiers du chiffre d'affaires annuel de Samsung en Inde, estimé à plus de 10 milliards d'euros.

Le mouvement social a entraîné des interruptions de production, suscitant des inquiétudes quant à l'impact potentiel sur les investissements étrangers. L'Inde, qui vise à tripler sa production électronique d'ici 2030 pour atteindre 500 milliards de dollars, se trouve face à un dilemme entre ses ambitions économiques et le respect des droits des travailleurs.

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Anand Parappadi Krishnan, chercheur à la Shiv Nadar University, souligne l'importance de trouver un équilibre : "L'Inde doit s'assurer que les droits des salariés sont respectés, et la liberté d'association ne devrait pas être un problème, d'autant que dans le cas de Samsung, les demandes des salariés sont parfaitement légitimes."

Les grévistes bénéficient du soutien du Centre for Indian Trade Unions (CITU), un syndicat d'obédience communiste créé en 1970. K. C. Gopi Kumar, du comité régional du CITU dans le Tamil Nadu, insiste sur l'importance de la reconnaissance syndicale : "Samsung est installé en Inde depuis 2007, et en dix-sept ans, aucun syndicat n'a jamais été créé."

Les négociations tripartites entre les salariés, Samsung et les représentants de l'État du Tamil Nadu n'ont pas encore abouti. L'entreprise sud-coréenne semble réticente à reconnaître un syndicat soutenu par une organisation nationale comme le CITU.

Cette situation met en évidence les tensions entre les ambitions de l'Inde de devenir une alternative à la Chine dans la production électronique et la nécessité de garantir des conditions de travail équitables. Le pays doit trouver un équilibre délicat pour maintenir son attractivité auprès des investisseurs tout en respectant les droits des travailleurs.

"Sans notre soutien, les salariés seraient plus vulnérables aux pressions de l'entreprise, et leur pouvoir de négociation se verrait affaibli."

K. C. Gopi Kumar, du comité régional du CITU dans le Tamil Nadu

Cette grève chez Samsung intervient dans un contexte où l'Inde cherche à renforcer son secteur manufacturier. Le pays a lancé des initiatives telles que "Make in India" en 2014 pour attirer les investissements étrangers et a introduit des incitations à la production liée pour stimuler la fabrication. L'industrie électronique indienne emploie actuellement plus de 13 millions de personnes et le pays est devenu le deuxième plus grand marché de smartphones au monde.

Le Tamil Nadu, où se déroule la grève, est connu pour son industrie automobile et électronique florissante. Cet État a l'un des PIB par habitant les plus élevés d'Inde, reflétant son importance économique. La ville de Chennai, proche de l'usine Samsung, est un important centre industriel et technologique.

La résolution de ce conflit social chez Samsung pourrait avoir des implications significatives pour l'avenir de l'industrie électronique en Inde. Le pays, qui vise à devenir un hub mondial de fabrication électronique, doit trouver un équilibre entre ses ambitions économiques et le respect des droits des travailleurs pour maintenir son attractivité auprès des investisseurs étrangers tout en garantissant des conditions de travail équitables.