Enquête nationale sur les violences sexistes dans le milieu médical français

Le Conseil national de l'ordre des médecins lance une vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu médical français. Cette initiative fait suite à de nombreux témoignages et vise à mesurer l'ampleur du phénomène.

23 septembre 2024, 15:02  •  104 vues

Enquête nationale sur les violences sexistes dans le milieu médical français

Le Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) a initié une enquête d'envergure nationale le 23 septembre 2024, ciblant les violences sexistes et sexuelles dans le secteur médical français. Cette démarche, qui s'inscrit dans le sillage du mouvement #MeToo, fait suite à une vague de témoignages survenus au printemps 2024.

L'enquête, qui se déroulera jusqu'au 14 octobre 2024, concerne environ 285 000 professionnels, incluant les médecins inscrits à l'ordre et les "docteurs juniors" - un terme introduit en 2020 pour désigner les internes en dernière année de formation. Le CNOM, créé en 1945, garantit l'anonymat des participants et vise à obtenir des données fiables et représentatives.

Cette initiative intervient dans un contexte de prise de conscience croissante. En avril 2024, les révélations de l'infectiologue Karine Lacombe concernant des accusations de harcèlement ont déclenché une multitude de témoignages. Ces derniers ont mis en lumière une "culture carabine" et "patriarcale" persistante dans le milieu médical, malgré la féminisation croissante de la profession depuis les années 1970.

Il est important de noter que selon une étude de 2019, 58% des étudiantes en médecine déclaraient avoir été victimes de sexisme durant leurs études. Cette statistique alarmante souligne l'urgence d'agir, d'autant plus que la médecine française compte désormais 52% de femmes parmi les praticiens en activité.

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Les résultats de cette enquête, attendus pour la fin de l'année 2024, permettront de mesurer l'ampleur du phénomène et d'identifier les types de violences les plus fréquents. L'objectif est d'orienter efficacement les actions de lutte contre ces comportements inacceptables.

En réponse à cette situation, l'ancien ministre de la santé, Frédéric Valletoux, avait annoncé fin mai 2024 plusieurs mesures, dont la mise en place d'une formation obligatoire pour tous les personnels. Ces initiatives s'ajoutent aux pouvoirs disciplinaires déjà détenus par l'Ordre des médecins et aux dispositions légales existantes, le harcèlement sexuel étant puni par la loi en France depuis 1992.

Il est crucial de rappeler que ces problématiques s'inscrivent dans un contexte plus large de difficultés au sein de la profession médicale. Le burn-out, par exemple, touche environ 49% des médecins en France selon une étude de 2018. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles s'ajoute donc à d'autres défis majeurs auxquels le secteur médical doit faire face.

Cette enquête marque une étape importante dans la reconnaissance et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu médical français. Elle s'inscrit dans une longue histoire d'évolution de la profession, depuis l'obtention du premier diplôme de médecine par une femme en France en 1875, jusqu'à l'élection de la première femme présidente du CNOM en 2019.

"Je ne peux pas laisser dire ça. Je conteste formellement ces accusations."

Dr. Patrick Pelloux, urgentiste accusé de harcèlement

L'engagement du CNOM dans cette démarche reflète une volonté de changement profond, en accord avec les principes éthiques fondamentaux de la médecine, tels qu'énoncés dans le serment d'Hippocrate datant du 5e siècle avant J.-C. et le code de déontologie médicale français créé en 1947. Cette initiative pourrait marquer un tournant décisif dans l'histoire de la médecine française, contribuant à créer un environnement de travail plus sûr et plus équitable pour tous les professionnels de santé.