El-Fasher sous le feu : l'offensive des paramilitaires ravage la capitale du Darfour du Nord

El-Fasher, dernière capitale du Darfour non contrôlée par les FSR, subit une offensive dévastatrice. La communauté internationale s'alarme face aux risques de violences massives et de famine dans cette région déjà meurtrie.

23 septembre 2024, 07:49  •  0 vues

El-Fasher sous le feu : l'offensive des paramilitaires ravage la capitale du Darfour du Nord

La ville d'El-Fasher, capitale de l'État du Darfour du Nord au Soudan, est actuellement le théâtre d'une offensive dévastatrice menée par les Forces de soutien rapide (FSR). Cette attaque s'inscrit dans le contexte plus large d'un conflit qui déchire le pays depuis avril 2023, opposant l'armée du général Abdel Fattah Al-Bourhane aux paramilitaires dirigés par Mohammed Hamdan Daglo.

Les habitants d'El-Fasher, une métropole de 2 millions d'âmes, font face à une situation dramatique. Al-Tijani Othman, un résident local, témoigne :

"La plupart de nos maisons dans le sud de la ville ont été complètement détruites. Il n'y a quasiment plus personne ici."

Un habitant d'El-Fasher décrit la situation

Cette offensive des FSR, lancée depuis au moins quatre directions, menace des "centaines de milliers de civils" selon l'ONU. La communauté internationale s'inquiète de l'escalade de la violence dans cette région déjà meurtrie par des années de conflit.

Le Darfour, région occidentale du Soudan d'une superficie comparable à celle de la France, a déjà connu une guerre dévastatrice entre 2003 et 2020, faisant plus de 300 000 victimes. Aujourd'hui, l'histoire semble se répéter, ravivant les craintes d'un nouveau génocide.

La situation humanitaire est alarmante. La famine s'est installée dans le camp de Zamzam, voisin d'El-Fasher. Les habitants qui restent dans la ville luttent pour se nourrir, dépendant des soupes populaires. Mohamed Safieldin, un autre résident, confirme : "La situation alimentaire est difficile. Nous dépendons des soupes populaires."

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Le bilan humain de ce conflit est déjà lourd. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime qu'au moins 20 000 personnes ont perdu la vie en 17 mois de guerre. Plus de 10 millions de Soudanais, soit un cinquième de la population, ont été déplacés ou contraints de fuir à l'étranger.

Face à cette crise, la communauté internationale multiplie les appels à l'arrêt des combats. Le président américain Joe Biden a exhorté les belligérants à "retirer leurs forces, faciliter l'accès humanitaire et réengager des négociations pour mettre fin à cette guerre". Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a quant à lui martelé : "Nous ne serons pas témoins d'un autre génocide."

Le Soudan, troisième plus grand pays d'Afrique, fait face à de nombreux défis. Indépendant depuis 1956, le pays a connu plusieurs périodes d'instabilité politique et de conflits. L'agriculture, qui emploie 80% de la population active, est menacée par le climat désertique et les déplacements massifs de population.

Alors que l'Assemblée générale de l'ONU s'apprête à se pencher sur la situation au Soudan, l'urgence d'une solution diplomatique se fait de plus en plus pressante. Le sort d'El-Fasher et de ses habitants reste incertain, symbole d'une crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver.