Eikoh Hosoe : L'adieu à un visionnaire de la photographie japonaise

Eikoh Hosoe, figure emblématique de la photographie japonaise, s'est éteint à 91 ans. Son œuvre novatrice, mêlant expressionnisme et performance, a marqué l'histoire de l'art visuel au Japon.

27 septembre 2024, 13:53  •  110 vues

Eikoh Hosoe : L'adieu à un visionnaire de la photographie japonaise

Le monde de la photographie pleure la perte d'Eikoh Hosoe, décédé le 16 septembre 2023 à l'âge de 91 ans. Cet artiste visionnaire a profondément marqué l'histoire de la photographie japonaise d'après-guerre, laissant derrière lui un héritage artistique inestimable.

Né le 18 mars 1933 à Yonezawa, Eikoh Hosoe a commencé sa carrière dans les années 1950, une période où le Japon se reconstruisait après la Seconde Guerre mondiale. Initialement, il s'est consacré au documentaire social, capturant la présence américaine et la vie quotidienne dans les quartiers populaires. C'est à cette époque qu'il a changé son prénom de Toshihiro à Eikoh, signifiant "le grand homme anglais", reflétant son ouverture sur l'Occident.

En 1959, Hosoe a vécu une rencontre déterminante avec le danseur Tatsumi Hijikata, qui allait devenir le fondateur du buto, une forme de danse-théâtre avant-gardiste japonaise. Cette découverte a marqué un tournant radical dans son approche artistique. Sa collaboration avec Hijikata et Kazuo Ohno, autre pionnier du buto, a donné naissance à des œuvres photographiques révolutionnaires.

"La découverte du buto a complètement transformé ma vision de la photographie. C'était comme si un nouveau monde s'ouvrait à moi, plein de possibilités expressives."

Eikoh Hosoe à propos de sa rencontre avec le buto

La série "Man and Woman", publiée en 1961, illustre parfaitement cette nouvelle direction artistique. Ces images, à la fois sensuelles et inquiétantes, témoignent de la subjectivité exacerbée qui caractérisera désormais le travail d'Hosoe. Cette œuvre, accompagnée de poèmes de Taro Yamamoto, a fait sensation dans le monde de l'art.

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En 1969, Hosoe a publié "Kamaitachi", un autre ouvrage majeur né de sa collaboration avec Hijikata. Ce projet l'a ramené dans sa région natale de Tohoku, lieu chargé de souvenirs traumatisants liés à la guerre. Les images de "Kamaitachi", empreintes d'une poésie sombre et violente, mettent en scène Hijikata incarnant peut-être un kamaitachi, esprit maléfique du folklore japonais.

Au-delà de son travail artistique, Hosoe a joué un rôle crucial dans la promotion de la photographie au Japon. Il a été directeur du Musée de la photographie de Kiyosato dès sa création en 1995, et a enseigné à l'Université de Tokyo des Arts. Son influence s'est étendue bien au-delà des frontières japonaises, collaborant avec des artistes internationaux comme William Klein et Yayoi Kusama.

L'œuvre d'Eikoh Hosoe reste un témoignage puissant de l'évolution de la photographie japonaise, passant du documentaire social à une forme d'art expressionniste et performative. Son héritage continuera d'inspirer les générations futures de photographes et d'artistes visuels.