EDF envisage l'abandon du projet Ecocombust à Cordemais

EDF pourrait arrêter le projet de conversion à la biomasse de la centrale de Cordemais, suscitant l'indignation des syndicats et des élus locaux. Cette décision remet en question les promesses présidentielles sur la transition énergétique.

24 septembre 2024, 17:12  •  45 vues

EDF envisage l'abandon du projet Ecocombust à Cordemais

EDF, le géant français de l'électricité, envisage de mettre fin au projet Ecocombust à la centrale de Cordemais, en Loire-Atlantique. Cette décision, annoncée le 24 septembre 2024, a provoqué une onde de choc dans la région et au-delà.

Le projet Ecocombust, lancé en 2015, visait à convertir l'une des dernières centrales à charbon de France en une installation utilisant la biomasse. Cette initiative, portée par les salariés et coordonnée par la CGT, était considérée comme un modèle de transition écologique. La centrale de Cordemais, mise en service en 1970, est la plus grande centrale à charbon du pays et emploie actuellement 335 agents.

La direction d'EDF justifie sa décision par des conditions technico-économiques défavorables. Cependant, cette annonce va à l'encontre des promesses faites par le président Emmanuel Macron en septembre 2023, qui s'était engagé à convertir complètement les dernières centrales à charbon à la biomasse d'ici 2027.

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La réaction des syndicats et des élus locaux a été vive. La CGT a qualifié cette décision d'"affront" et de "mépris" envers le territoire ligérien, déjà en difficulté sur le plan de l'emploi industriel. Les maires de Nantes et de Saint-Nazaire, ainsi que des sénateurs de Loire-Atlantique, ont critiqué le manque de stratégie de l'État et les conséquences potentielles sur l'économie locale et l'environnement.

Il est important de noter que le charbon ne représentait que 0,6% de la production électrique nationale l'année dernière. Cependant, cette source d'énergie est responsable d'environ 30% des émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie. La France s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.

Le projet Ecocombust prévoyait l'utilisation de "black pellets", des granulés de bois torréfié plus denses en énergie que les pellets classiques. Cette approche s'inscrivait dans une tendance observée dans plusieurs pays européens, où la conversion des centrales à charbon à la biomasse est considérée comme une solution de transition.

La biomasse, qui représente environ 60% des énergies renouvelables en France, est considérée comme neutre en carbone si elle est gérée de manière durable. Cependant, son utilisation soulève des questions sur la concurrence potentielle avec l'utilisation des terres pour l'agriculture.

L'avenir de l'autre centrale à charbon française, située à Saint-Avold en Moselle, reste également incertain. La fermeture des centrales à charbon pourrait entraîner la suppression de plus de 2000 emplois directs et indirects, ce qui explique en partie la résistance à ces changements.

"L'État (...) va-t-il laisser mourir un projet d'avenir et de transition écologique inventé par les salariés ?"

Fabien Gay, sénateur communiste

Cette question résume le dilemme auquel font face les décideurs politiques et industriels. La nouvelle ministre de l'énergie, Agnès Pannier-Runacher, qui s'était auparavant déclarée favorable au projet Ecocombust, devra rapidement clarifier la position du gouvernement sur cette question cruciale pour l'avenir énergétique et écologique de la France.