Darmanin quitte l'Intérieur : bilan d'un mandat record

Après plus de 4 ans à Beauvau, Gérald Darmanin cède sa place. Son passage, marqué par des réformes majeures et des controverses, laisse une empreinte durable sur le ministère de l'Intérieur.

23 septembre 2024, 10:44  •  174 vues

Darmanin quitte l'Intérieur : bilan d'un mandat record

Le 23 septembre 2024, Gérald Darmanin a passé les rênes du ministère de l'Intérieur à Bruno Retailleau, marquant la fin d'une ère pour la place Beauvau. Avec un mandat de quatre ans, deux mois et quinze jours, Darmanin s'est imposé comme l'un des ministres de l'Intérieur les plus durables de l'histoire récente française.

Nommé en juillet 2020, Darmanin a rapidement compris l'importance de maintenir de bonnes relations avec les syndicats de police, qui représentent plus de 70% des effectifs de la Police nationale. Cette approche lui a permis d'éviter les écueils qui ont coûté son poste à son prédécesseur, Christophe Castaner.

L'une des réalisations majeures de Darmanin a été l'obtention d'une augmentation significative du budget du ministère. Malgré les contraintes budgétaires générales, la Loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (Lopmi) a alloué 15 milliards d'euros sur cinq ans pour moderniser l'institution. Cette augmentation s'inscrit dans une tendance plus large, le budget de la police française ayant augmenté de plus de 30% entre 2015 et 2025.

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Le style de leadership de Darmanin a souvent été comparé à celui de Nicolas Sarkozy, connu pour son passage au ministère de l'Intérieur de 2002 à 2004 et de 2005 à 2007. Cependant, Darmanin s'est plutôt identifié à Pierre Joxe, reconnu pour avoir initié la modernisation de la police française dans les années 1980.

La réforme la plus controversée de Darmanin a été la réorganisation des services de police, mise en place le 1er janvier 2024. Cette réforme, la plus importante depuis la création de la Police nationale en 1941, a unifié la direction des différents services dans chaque département. Malgré l'opposition farouche de la Police judiciaire, créée en 1907 et spécialisée dans la lutte contre le crime organisé, la réforme a été maintenue.

Cette réorganisation intervient dans un contexte où le crime organisé en France représente un chiffre d'affaires estimé à plusieurs milliards d'euros par an, soulignant l'importance d'une police efficace et bien coordonnée.

Le mandat de Darmanin laisse une empreinte durable sur le ministère de l'Intérieur, responsable non seulement de la sécurité intérieure, mais aussi de l'administration territoriale, des élections et de la gestion des crises. Son successeur, Bruno Retailleau, hérite d'un ministère transformé, avec des défis persistants mais aussi des ressources accrues pour y faire face.

"Le ministère le plus usant"

Gérald Darmanin, à propos du ministère de l'Intérieur

Alors que Darmanin quitte la place Beauvau, le débat sur l'efficacité et les conséquences de ses réformes est loin d'être clos. L'avenir dira si ces changements auront l'impact positif escompté sur la sécurité intérieure de la France.