Crise financière des Ehpad : un appel urgent à l'action gouvernementale

Face à une crise financière sans précédent, les Ehpad français lancent un cri d'alarme. Un rapport sénatorial propose des solutions pour sauver ce secteur crucial pour nos aînés.

26 septembre 2024, 03:19  •  0 vues

Crise financière des Ehpad : un appel urgent à l'action gouvernementale

La situation financière des Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (Ehpad) en France atteint un point critique, nécessitant une action gouvernementale immédiate. Cette crise sans précédent met en lumière les défis auxquels est confronté le système de soins pour les personnes âgées dans le pays.

Le 24 septembre 2024, dix-huit fédérations et organisations professionnelles du secteur ont lancé un appel pressant au gouvernement, exigeant que l'accompagnement du grand âge devienne une priorité nationale. Cette mobilisation a suscité une vague de soutien à travers la France, avec environ 40 000 personnes participant à des manifestations et des campagnes sur les réseaux sociaux sous le slogan "les vieux méritent mieux".

Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa, une fédération regroupant 1 600 établissements et services à domicile, a souligné l'urgence de la situation : "Nous ne voulons plus de concertations, plus de grands débats. On veut provoquer une prise de conscience des politiques pour qu'ils prennent des décisions."

Le lendemain, le 25 septembre 2024, un rapport sénatorial a été présenté, mettant en évidence la situation budgétaire "catastrophique" des Ehpad. Ce document, co-rédigé par trois sénatrices, Anne Souyris, Solanges Nadille, et Chantal Deseyne, propose dix-huit mesures visant à assainir la situation financière des établissements et à engager une réforme structurelle du secteur.

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Les chiffres sont alarmants : entre 2020 et 2023, la proportion d'Ehpad déficitaires est passée de 27% à 66%. Pour les seuls Ehpad publics rattachés à un hôpital, le déficit est estimé à près de 800 millions d'euros. Cette "asphyxie" financière résulte de plusieurs facteurs, notamment l'inflation, les revalorisations salariales insuffisamment compensées par l'État et les départements, et une augmentation trop faible des prix de séjour dans les établissements publics et associatifs.

Il est important de noter que les Ehpad accueillent environ 600 000 résidents en France, avec un âge moyen d'entrée de 85 ans. Le coût moyen mensuel en Ehpad est d'environ 2 000 euros, ce qui représente une charge financière significative pour de nombreuses familles.

La situation diffère entre les Ehpad publics et privés. Les établissements privés lucratifs, qui représentent un quart du parc en France, ne sont généralement pas en déficit. Cependant, leur résultat net a été "pratiquement divisé par deux entre 2017 et 2023", selon le rapport sénatorial.

Face à cette crise, il est crucial de repenser le modèle actuel des Ehpad. Le taux d'encadrement moyen de 0,6 employé par résident souligne le besoin de ressources supplémentaires pour assurer des soins de qualité. De plus, avec 85% des résidents en perte d'autonomie et environ 40% atteints de la maladie d'Alzheimer, les besoins en soins spécialisés sont considérables.

Les propositions du rapport sénatorial visent à améliorer la situation financière des Ehpad tout en garantissant la qualité des soins. Ces mesures pourraient s'inscrire dans la continuité du plan "Grand âge et autonomie" lancé en 2018, en mettant l'accent sur une réforme structurelle du secteur.

Il est temps d'agir pour assurer un avenir digne à nos aînés. La crise actuelle des Ehpad n'est pas seulement un défi financier, mais aussi un test de notre engagement sociétal envers les personnes âgées. La réponse à cette crise façonnera l'avenir des soins aux personnes âgées en France pour les années à venir.