Controverse autour d'une avocate au procès des viols de Mazan

Nadia El Bouroumi, avocate de la défense, suscite la polémique par son comportement au tribunal et sur les réseaux sociaux. Son parcours atypique et ses activités parallèles ajoutent à la controverse.

25 septembre 2024, 04:56  •  242 vues

Controverse autour d'une avocate au procès des viols de Mazan

Dans le cadre du procès des viols de Mazan, qui se déroule au palais de justice d'Avignon depuis le 6 septembre 2024, l'avocate Nadia El Bouroumi se trouve au cœur d'une controverse. Défendant deux des cinquante et un accusés, elle a attiré l'attention par son comportement jugé inapproprié tant au tribunal que sur les réseaux sociaux.

Le 19 septembre 2024, Nadia El Bouroumi a publié une vidéo d'elle-même dansant dans sa voiture sur la chanson "Wake Me Up Before You Go-Go" du groupe Wham!. Cette chanson, sortie en 1984, a été un succès international pour le duo britannique formé par George Michael et Andrew Ridgeley. L'avocate a justifié cette vidéo comme un geste humoristique, déclarant sur BFM : "J'ai fait cette vidéo avec humour pour dire qu'il faudrait se lever tôt pour me museler".

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Cependant, cette explication n'a pas convaincu les critiques, qui ont vu dans cette vidéo une référence insensible à la soumission chimique subie par la victime, Gisèle Pelicot, pendant une décennie. La soumission chimique, qui implique l'administration de substances psychoactives à l'insu de la victime, est un sujet grave dans cette affaire.

Le comportement de Nadia El Bouroumi au tribunal a également été remis en question. Lors de l'interrogatoire de la victime, l'avocate a adopté un ton virulent, accusant Gisèle Pelicot d'être responsable de la diffusion de photos intimes. Cette attitude a été perçue comme agressive et inappropriée par de nombreux observateurs.

Sur Instagram, où elle compte cinquante mille abonnés, Nadia El Bouroumi partage régulièrement des vidéos commentant les audiences. Cette présence numérique intensive, rappelant les codes des influenceurs, a suscité de vives critiques de la part de ses confrères et d'observateurs du procès. Il est à noter qu'Instagram, lancé en 2010, compte aujourd'hui plus d'un milliard d'utilisateurs actifs mensuels.

Le parcours de Nadia El Bouroumi est atypique. Née à Toulouse, elle a été déscolarisée en classe de seconde pour un mariage arrangé. Il est important de souligner que le mariage forcé est illégal en France depuis 2006, et que l'âge légal pour se marier est de 18 ans. Après avoir travaillé comme coiffeuse, elle a repris des études de droit à 22 ans et a prêté serment en 2008, rejoignant ainsi le barreau d'Avignon, l'un des 164 barreaux de France.

Parallèlement à sa carrière d'avocate, Nadia El Bouroumi se présente comme "coach de vie" et a publié un livre de développement personnel intitulé "L'Art de vivre en haute exigence". Elle a également créé l'Institut Haute Exigence, proposant des formations en management et leadership basées sur l'intuition. Ces activités s'inscrivent dans la tendance du développement personnel, un concept apparu dans les années 1960 aux États-Unis.

"Je sors du procès Pelicot, woouh ! Les experts nous ont dit que [Gisèle Pelicot] prenait son médicament et que deux heures après elle était K.-O., eh ben non ! Finalement, la soumission chimique ne met pas K.-O."

Nadia El Bouroumi, avocate de la défense

Cette affaire soulève des questions sur l'éthique professionnelle et l'utilisation des réseaux sociaux par les avocats. Elle met également en lumière les défis liés à la publicité des débats judiciaires, un principe fondamental de la justice française, et les responsabilités qui incombent à tous les acteurs impliqués dans un procès aussi sensible.