Calcutta : Manifestations massives après le meurtre brutal d'une interne

Depuis plus de 40 jours, Calcutta est secouée par des manifestations suite au viol et au meurtre d'une interne. L'affaire révèle des manquements graves des autorités et relance le débat sur les violences faites aux femmes en Inde.

23 septembre 2024, 16:43  •  30 vues

Calcutta : Manifestations massives après le meurtre brutal d'une interne

Depuis plus de 40 jours, Calcutta, la capitale du Bengale-Occidental, est le théâtre de manifestations quotidiennes. Le 20 septembre 2024, de jeunes médecins du West Bengal Junior Doctors Front (WBJDF) ont défilé pour exiger justice suite au viol et au meurtre d'une interne de 31 ans le 9 août à l'hôpital public RG Kar.

Ce drame a profondément choqué la ville de Calcutta, connue pour son riche héritage culturel et littéraire. Des citoyens de tous horizons - médecins, étudiants, retraités, artistes, fonctionnaires - se mobilisent chaque jour pour demander que justice soit rendue. Cette mobilisation massive met en lumière les défis persistants auxquels l'Inde est confrontée en matière de sécurité des femmes, malgré le renforcement des lois sur les violences sexuelles suite à l'affaire du viol collectif de Delhi en 2012.

À l'entrée de l'hôpital RG Kar, l'un des plus anciens établissements publics de la ville fondé en 1886, les collègues de la victime ont érigé un autel en son honneur. Une statue de Thémis, déesse grecque de la justice, y trône, entourée de bougies et de fleurs de jasmin, symbole sacré en Inde.

L'affaire dite "RG Kar" a révélé de graves manquements de la part des autorités hospitalières et de la police. Anisha Basu, une interne de 24 ans, témoigne :

"A la minute où nous avons appris ce qui s'était passé, nous nous sommes rendus sur les lieux du crime pour nous assurer que l'administration de l'hôpital rende des comptes et gère l'affaire correctement"

Nous nous sommes heurtés à un mur de résistance

Sa collègue, Riya Bera, ajoute que la police a tenté de déplacer le corps sans la présence d'un magistrat. Ces témoignages soulignent les défis du système de santé public indien, qui souffre d'un manque de personnel et d'infrastructures, ainsi que les problèmes récurrents de sécurité dans les hôpitaux.

Les parents de la victime accusent l'hôpital d'avoir initialement voulu faire passer la mort de leur fille pour un suicide. Ils dénoncent également la pression exercée pour procéder rapidement à la crémation, pratique funéraire courante chez les hindous, les empêchant ainsi de demander une contre-expertise du rapport d'autopsie.

Cette affaire met en lumière les défaillances du système judiciaire indien, souvent critiqué pour sa lenteur et son inefficacité. Elle soulève également des questions sur la corruption et l'inefficacité de la police, des problèmes récurrents en Inde.

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Le mouvement de protestation à Calcutta s'inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les violences faites aux femmes en Inde. Malgré la mise en place de tribunaux spéciaux et d'initiatives comme les lignes d'urgence dédiées, le taux de criminalité contre les femmes reste élevé. Cette mobilisation rappelle l'impact du mouvement #MeToo en Inde, qui a révélé de nombreux cas de harcèlement.

L'affaire "RG Kar" met en évidence la nécessité de réformes profondes dans le système de santé, la police et la justice en Inde. Elle souligne également l'importance de renforcer la sécurité des femmes, en particulier dans le milieu médical où elles représentent environ 40% des praticiens.

Alors que le Bengale-Occidental, avec ses 91 millions d'habitants, a une longue histoire de mouvements sociaux et politiques, cette mobilisation citoyenne pourrait être le catalyseur de changements significatifs. Les manifestants, exerçant leur droit constitutionnel à la protestation pacifique, espèrent que leur action conduira à des réformes concrètes pour améliorer la sécurité des femmes et l'efficacité des institutions en Inde.