Burkina Faso : le régime déjoue un complot présumé de l'ex-président Damiba

Le gouvernement militaire burkinabé affirme avoir déjoué des tentatives de déstabilisation impliquant l'ancien président Damiba. Des arrestations ont été effectuées dans cette affaire aux ramifications internationales.

24 septembre 2024, 08:32  •  30 vues

Burkina Faso : le régime déjoue un complot présumé de l'ex-président Damiba

Le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso a annoncé le 23 septembre 2024 avoir déjoué plusieurs tentatives de déstabilisation. Selon les autorités, ces actions auraient impliqué l'ancien président de transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, ainsi que d'anciens ministres.

Le ministre de la sécurité, Mahamoudou Sana, a déclaré à la télévision nationale : « Nous avons pu déjouer plusieurs tentatives de déstabilisation aussi pernicieuses qu'incessantes ». Il a accusé des « acteurs du chaos » d'être soutenus par certains services de renseignement occidentaux, impliquant des civils et des militaires ayant quitté le pays.

Cette annonce s'inscrit dans un contexte d'instabilité politique chronique au Burkina Faso, qui a connu plusieurs coups d'État depuis son indépendance en 1960. Le pays fait face à une insurrection djihadiste depuis 2015, aggravant une situation sécuritaire déjà précaire dans la région du Sahel.

Damiba, qui avait lui-même pris le pouvoir par un coup d'État en janvier 2022, est présenté comme le chef du « volet militaire de ce complot ». Il avait été renversé huit mois plus tard par le capitaine Ibrahim Traoré, actuellement au pouvoir. Cette succession de putschs illustre la fragilité des institutions politiques dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Le ministre a établi un lien entre ce complot présumé et l'attaque du 24 août 2024 à Barsalogho, revendiquée par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), une coalition de groupes djihadistes active au Sahel. Cette attaque aurait fait plus de 400 victimes civiles, bien qu'aucun bilan officiel n'ait été communiqué.

Image

Plusieurs arrestations ont été annoncées, dont celle d'Ahmed Kinda, ancien commandant des forces spéciales burkinabées, présenté comme le « chef des opérations ». Le ministre a également mentionné la disparition du journaliste nigérien Serge Maturin Adou à Niamey depuis le 1er septembre 2024, l'impliquant dans cette affaire.

L'affaire prend une dimension internationale avec l'accusation portée contre la Côte d'Ivoire d'héberger des personnes impliquées dans cette « entreprise de subversion ». Cette allégation fait écho aux déclarations du capitaine Traoré en juillet 2024, affirmant qu'un « centre d'opérations pour déstabiliser » le Burkina était installé à Abidjan.

Le ministre a également pointé du doigt le général Djibril Bassolé, ancien ministre des affaires étrangères, comme l'un des instigateurs du complot. Récemment, deux de ses enfants ont été enlevés à Ouagadougou, et leurs domiciles perquisitionnés, soulignant la tension croissante autour de cette affaire.

Cette situation met en lumière les défis complexes auxquels le Burkina Faso est confronté. Avec une population jeune et une économie fortement dépendante de l'agriculture et des ressources minières, le pays peine à trouver la stabilité nécessaire à son développement. La crise sécuritaire persistante et l'instabilité politique ont un impact négatif sur l'économie et la vie quotidienne des Burkinabés.

Malgré ces difficultés, le Burkina Faso reste un pays riche en culture, connu pour son festival de cinéma FESPACO et pour avoir produit des figures intellectuelles influentes comme Thomas Sankara. La résolution de cette crise politique et sécuritaire sera cruciale pour l'avenir du pays et de la région du Sahel dans son ensemble.